OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Pour une “virginité” numérique des enfants http://owni.fr/2010/10/20/pour-une-virginite-numerique-des-enfants/ http://owni.fr/2010/10/20/pour-une-virginite-numerique-des-enfants/#comments Wed, 20 Oct 2010 15:26:38 +0000 Cedric Motte http://owni.fr/?p=32242 Mes enfants sont (très) beaux, en bonne santé, et leurs yeux pétillent d’intelligence. Parfois, quand je vois les photos des autres copains sur Facebook ou ailleurs en ligne, vient l’envie de les “montrer” – afin d’attirer des commentaires qui sont autant de compliments, ne nous leurrons pas sur nos motivations de parents exhibitionnistes.

Pourtant je m’y refuse.

Pire, à chaque fois que des personnes passent à la maison et prennent des photos des enfants, je casse l’ambiance en leur précisant, sans négociation possible : “Ne mettez pas les photos sur le Net, et évidemment pas sur Facebook”.

Et à chaque fois, l’étonnement se mêle à l’incompréhension. “Ah bon ? Mais pourquoi ?” ; “Mais tu sais qu’on peut gérer les paramètres de confidentialité ?” ; “T’as peur de quoi ?”

Jusqu’ici, je n’ai jamais apporté de réponse claire et définitive : je refuse sans explication.

Les raisons énoncées ci-dessous tentent d’expliquer pourquoi. Certaines vont paraître recevables, d’autres complètement barrées. À vous de me dire si ce refus tient la route ou s’il s’agit d’une position anachronique…

Capture d'écran de la recherche "garçon enzo" sur Google Images

Vos amis sur Facebook ne sont pas les miens…

Une raison que j’estime suffisante. Autant vous avez toute ma confiance, autant je n’en ai aucune vis-à-vis de vos contacts.
“Les amis de mes amis sont mes amis” vaut pour plein de trucs (partager une bière, jouer à la pétanque, travailler, etc.) ; certainement pas pour ce qui est de la vie privée. Et tant que les enfants sont petits, je gère leur vie. Quand ils prendront leur indépendance sociale, ils feront ce qu’ils décident, après de (potentiellement vaines) tentatives d’éducation aux “social media” pendant les repas dominicaux.

… “oui mais toi, tu les contrôles tes amis non ?”

Tout à fait. Avec les règles de confidentialité de Facebook, cela ne devrait pas me poser de problème de poster des photos de mes enfants sur mon compte. Sauf que les règles valables aujourd’hui peuvent changer à tout moment. Pour vous la faire courte, je n’ai aucune confiance dans ce que fait Facebook.

“Et pourtant, tu décides pour eux de leur entrée (ou non) en religion…”

“Être baptisé à un an et faire sa communion à neuf ans parce que les parents le décident, c’est autrement plus impliquant que d’avoir des photos sur Facebook non ?”

C’est évidemment bien plus impliquant, mais cela reste dans la sphère privée. Précisément, dans la sphère intime. La religion est une construction de soi (ou une dé-construction, selon certains points de vue…). Elle n’engage que l’enfant et sa famille sur ce que cela signifie pour lui et pour elle. Les discussions ont lieu entre nous, sans aucune publicité.

Plus tard l’enfant, une fois en pleine conscience de ce qu’est la religion, décidera ou non d’afficher son appartenance à celle choisie par ses parents. Mieux, il peut décider d’en changer ou devenir athée. Il est “libre de se libérer” s’il le désire.
À l’inverse, la publication de photos en ligne accessibles “par n’importe qui” le fait entrer dans des sphères semi-publiques. Pire, ce qui se dit aujourd’hui sur lui – dans les commentaires par exemple – est rattaché au profil de la personne qui commente. Via les commentaires laissés par mes amis et qui apparaissent dans mon flux d’activités, j’ai accès à un paquet de photos de gens que je ne connais pas.

Et vous, comment avez-vous configuré la confidentialité de vos photos ?

Mon profil est entièrement public. Décision professionnelle, pour faciliter ma présence en ligne.
Du côté des amis moins impliqués dans le milieu d’Internet – voir totalement éloignés – les règles de confidentialité sont extrêmement disparates, mais bon nombre sont publics – ce qui est l’option par défaut. Vais-je devoir vous demander de changer vos paramètres pour une photo d’un enfant ?

“Et les photos dans le journal local, quand y a le cross des écoles ou le Père Noël ?”

Le journal local est… local. Certes, il est disponible en pdf sur le Net, mais dans le journal il n’est jamais indiqué les prénoms/noms des enfants. Et sur les photos, (sauf victoire au cross…), votre enfant est perdu au milieu d’autres enfants.

“Pourquoi pas un pseudo ?”

Une option serait de ne pas les nommer avec leur vraie identité. D’ailleurs, ils ont déjà un surnom dans la famille, surnom tout à fait adapté pour un pseudo. “Ben alors ?”

Connaissez-vous iPhoto ? Savez-vous quelle nouvelle fonctionnalité teste “Face”book en ce moment ? Avez-vous joué avec la dernière version de Picasa ? Partout, tout le temps : la reconnaissance faciale.
Tout ceci m’amène à l’argument le plus important à mes yeux : les enfants ont le droit à une “virginité numérique”. Pour cette génération, les traces laissées en ligne depuis leur enfance vont les suivre une bonne partie de leur vie.
Or ces traces sont autant d’informations pour leurs futures rencontres en tant qu’adolescent et adulte. Auront-ils envie, adolescent, que de gentils camarades se moquent d’eux parce qu’ils ont trouvé des photos d’eux bébé ? En train de souffler un gâteau ? En train de jouer de la guitare difficilement ?

La question que je me pose, tout de même, c’est la possibilité inverse : noyer le tout dans une sur-abondance d’informations. On n’est jamais aussi bien caché que dans la foule. Si je publie un nombre colossal de photos, de vidéos, d’instants avec eux, il y aura une telle “littérature” qu’on sera perdu.

Mais pour le moment, je reste attaché à leur droit de décider de leur présence en ligne. Et vous ?

Billet initialement publié sur Chouingmedia sous le titre Quelle présence en ligne/identité numérique pour les enfants ?

Images CC Flickr _FuRFuR_

À lire aussi Le Monde confond photos et photos d’identité d’André Gunthert et Mes amis sur Facebook n’ont pas (encore) toutes leurs dents, par Marie-André Weiss

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Bosser avec le web, et non pour le web: boîte à outils http://owni.fr/2010/09/03/bosser-avec-le-web-et-non-pour-le-web-boite-a-outils/ http://owni.fr/2010/09/03/bosser-avec-le-web-et-non-pour-le-web-boite-a-outils/#comments Fri, 03 Sep 2010 13:50:35 +0000 Cedric Motte http://owni.fr/?p=26858 Il y a quatre mois, les journalistes américains Alexis Madrigal, Mathew Honan, Sarah Rich, Derek Powazek, et Dylan Fareed ont testé la réalisation d’un magazine en 48 heures. Le bien-nommé 48hr Mag connut un double succès. Les participants se sont amusés, et le magazine s’est vendu.

Quatre mois plus tard, on prend les mêmes, on peaufine le concept, on change de nom et voici le numéro 1 de LongShot Magazine. Sorti dimanche, difficile de savoir aujourd’hui si les ventes seront au top.

Le chemin de fer de Longshot… home made ^^ – Flickr CC by honan

Par contre, un article de ReadWriteWeb d’Axelle Tessandier revient sur deux points fondamentaux.

1. Le plaisir de penser (et se dépenser) pour faire un canard en un temps raccourci, mais où la qualité reste le cœur de l’affaire. Seuls 2% de l’ensemble des textes envoyés par les internautes sont utilisés dans le journal.

2. L’utilisation du web comme outil de création, de rencontre, et de promotion. C’est sur ce point qu’il y a sans doute à creuser chez nous.

Pour beaucoup, le web est une fin en soi. Ce *truc* a pris tellement de place dans la tête des gens, et notamment des journalistes, que la réaction est binaire : on fait du web, ou pas.

Pourtant, ce n’est vraiment pas le cœur de l’affaire quand on participe essentiellement au papier. Ce qui est intéressant, c’est de voir comment utiliser le web en tant qu’outil complémentaire pour avancer dans son boulot de journaliste.

De nombreux services web nous mettent en relation avec ceux qui vivent l’information, la commentent et l’enrichissent.
Sans compter ceux qui permettent de chercher l’info, ou de mieux travailler…

Interrogée via Twitter, Axelle précise que Twitter a été essentiel pour discuter avec *l’extérieur* de la rédaction, tandis que Skype a permis de gérer les calls entre les différentes bureaux. Elle vous propose aussi d’aller lire [en] ce billet de l’un des fondateurs, qui explique 5 lessons from LongShot, a magazine made in 48hrs

Quels seraient les outils indispensables à un groupe de personnes qui souhaitent travailler ensemble, pour produire un journal (par exemple…) ?

Billet publié initialement sur Chouingmedia sous le titre “Outils pour journalistes (et autres) : bosser avec le web, et non pour le web”

Image CC Flickr Lollyman

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Les journalistes papier ne sont pas allergiques au web ! http://owni.fr/2010/07/13/les-journalistes-papier-ne-sont-pas-allergiques-au-web/ http://owni.fr/2010/07/13/les-journalistes-papier-ne-sont-pas-allergiques-au-web/#comments Tue, 13 Jul 2010 14:33:36 +0000 Cedric Motte http://owni.fr/?p=21856 En une année et demie, via la WAN-Ifra, j’ai eu la chance de discuter, préparer, concevoir, et former au web les rédactions de L’Express, de L’Expansion, du Temps, du Télégramme, et dans une moindre mesure celles du Courrier Picard, de L’Equipe, du Progrès.

Autant de journalistes, de rythmes de parution, d’organisations, de cultures et de connaissances d’internet différentes.

Partout, un constat : contrairement à ce que l’on peut entendre de-ci, de-là, les journalistes ne sont pas contre le web.

Il y en a bien quelques-uns, souvent grandes gueules, qui expriment violemment leur mépris du support. Ceux-là sont les plus intéressants à convertir. La tâche est ardue, l’évangélisation parfois fatigante, et l’échec parfois cuisant. Quand on arrive à les faire basculer, ils deviennent d’excellents ambassadeurs.

Il y en a d’autres, parfois proches d’une retraite bien méritée ou au contraire jeunes sortis de l’école, qui ne se sentent pas d’entrer dans une nouvelle ère où c’est l’actualité qui impose son rythme. Effectivement, il est loin le confort de bouclages décidés à l’avance…

Mais il y a surtout une grande majorité – environ 80% – qui est prête à comprendre, essayer, tester. Quel que soit leur niveau de départ, ces journalistes sentent qu’il y a un potentiel.

Dès qu’on leur parle d’autre chose que de course à la vitesse,
qu’on leur explique l’intérêt des réseaux sociaux,
qu’ils mesurent la puissance du journalisme de données,
qu’ils vibrent à l’adrénaline du direct,
ou qu’ils imaginent le plaisir à faire du web-documentaire,
alors ils sont psychologiquement prêts à faire du web.

Pourtant, en interne, ils râlent et traînent des pieds. Quels sont les freins à leur participation au site ?

1. Un manque notable de stratégie globale

C’est, en tout cas, comme ça que le vive la plupart des journalistes. Souvent à raison, parfois à tort. Dans ce cas, le manque de suivi dans la communication de la part des dirigeants est un drame.

Quelle qu’en soit la raison, c’est sans aucun doute le frein principal. “Si au moins on savait un peu où on va, ce serait plus simple de s’investir” ; “De toute façon, ils font tout au doigt mouillé“.

2. Une organisation pas adaptée

De ce manque de stratégie découle un manque d’organisation. Fatalement, quand vous ne savez pas où aller, vous tirez un peu tout azimut en essayant de maintenir un semblant de certitudes. Pourtant, personne n’est vraiment dupe. Il y a un moment où il faudra *vraiment* réfléchir.

Jusqu’ici les états-majors se sont posé une unique question : “bon, comment faire rentrer un peu de web là dedans ?”. Pas de bol, c’est la mauvaise ; la bonne est bien plus large et mérite un billet à part entière.

3. L’existence de castes savamment entretenues par les rédactions papier

Le web, c’est un peu une feuille de chou numérique” ; “Les p’tits jeunes, ils sont sympas hein, mais franchement, ils ne font pas du journalisme“. Effectivement, il ne font pas *que* du journalisme. Ils inventent un nouveau média. C’est peut être le fait d’avoir raté le train qui rend les old school journalistes parfois aigris.

Ces réflexions, dispensées allègrement de-ci, de-là, amènent à découper la rédaction en castes. Il y a les “vrais”, et les autres.

4. Les équipes web développent un sentiment d’infériorité

Face à ce rabaissement permanent, les *effectivement plus* jeunes journalistes numériques osent à peine “demander” à leurs aînés. Il faut du courage pour aller expliquer à un grand reporter de 52 ans que “oui, ce serait bien que son papier pour le web soit rendu avant midi, parce qu’après il est un peu trop tard.

Pour faire court, les équipes web sont faiblement armées pour imposer ce qui doit l’être.

5. L’absence d’explication sur l’audience du site

Contrairement à toute attente, c’est aussi par les chiffres que l’on peut convaincre. L’idéal serait d’avoir des chiffres comptables positifs à présenter, afin de montrer la capacité du web à générer des revenus, mais c’est encore un peu tôt…

En attendant, savoir ce qui marche, pourquoi, avec quel temps passé, quelle organisation, voilà des explications qui ne sont jamais – et là pour le coup je pèse mes mots – données. Sans doute pour ne pas vexer les uns et les autres.

Un obscurantisme que l’on trouve aussi parfois dans le papier. Certains journaux font des vus-lus qu’ils ne montrent pas à la rédaction. La raison est simple : certaines rubriques, considérées comme nobles au sein du journal – comme l’international dans un quotidien régional – ont des taux de lecture proches de zéro. Quand les journalistes pensent participer à la défense de la démocratie, comment leur expliquer que leur travail quotidien ne participe de pas grand chose…

Tout est là, pourtant. Les outils de stats permettent d’avoir une multitude de données, mais cela ne suffit évidemment pas.

Les moyens d’accès sont si multiples sur le web qu’il est indispensable d’expliquer le contexte. Il ne faut *jamais* envoyer un simple “Top 10 des articles les plus lus”. Mise en avant sur la page d’accueil pendant telle durée, présence dans la newsletter, dans le flux RSS, liens depuis d’autres sites, etc. Autant de facteurs qui expliquent le succès ou l’échec d’un dossier.

Pour faire cela, le temps est colossal. Vraiment. Et il n’est pas à la portée de tout le monde. Se plonger dans les chiffres n’est pas franchement dans l’ADN des journalistes. Pourtant, c’est indispensable pour comprendre le média.

6. La sensation que le plaisir n’est pas possible

Un frein qui peut paraître étonnant. Après tout, on est au boulot.

Pourtant, ne levez que celui-ci, et tous les autres freins disparaissent par enchantement. Le plaisir est un message que j’essaie de faire passer lors de mes interventions. On peut s’éclater sur le web, les formats sont magiques, le rapport au lecteur est quelque chose d’étonnant et travailler en équipe (avec des graphistes, des designers, etc) est, en fait, rafraîchissant.

D’ailleurs, ceux qui y ont goûté deviennent accro.

Le web, par son aspect technique, est un apprentissage ingrat, proche de la musique. Oui, il faut faire un effort, oui il faut répéter, rater, se concentrer. Mais quand cela fonctionne, que vous recevez des messages de félicitations, que vous avez la sensation de participer à un débat intelligible, alors le plaisir est décuplé par rapport à l’onanisme dérisoire de voir son article placé en Une. C’est… autre chose.

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Billet originellement publié sur Chouing Media sous le titre “Oui, les journalistes papier sont motivés par le web“.

Crédit Photo CC Flickr : Plasmonyc, transformée en #lolcat par Martin sur une idée de Sabine.

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Un patron de radio ou un Président a-t-il pigé l’évolution des médias ? http://owni.fr/2010/06/30/un-patron-de-radio-ou-un-president-a-t-il-pige-levolution-des-medias/ http://owni.fr/2010/06/30/un-patron-de-radio-ou-un-president-a-t-il-pige-levolution-des-medias/#comments Wed, 30 Jun 2010 10:00:00 +0000 Cedric Motte http://owni.fr/?p=20682 Guillon, Porte, et sans doute quelques autres qui ne font pas dans la dentelle.

En les virant, les patrons de radios espèrent mettre un couvercle sur leur humour corrosif, heureux de défendre les modestes vertus de leurs redactions. Il y a, dans ces décisions, une dimension que ces patrons et les éventuels politiques impliqués oublient totalement. Ces humoristes n’ont absolument pas besoin de radio, de télé ou de tribune dans les journaux pour répandre leurs éditos.

Une bonne présence en ligne, entre des vidéos sur Dailymotion ou YouTube, un éventuel blog bien foutu et des relais faciles via les réseaux sociaux, et voilà que la diffusion de leurs idées, ô combien subversives selon certains, est assurée.

Certes, ils ne vont pas en vivre. Mais l’esprit sera respecté, et la liberté d’expression garantie.

Il est d’ailleurs amusant de constater qu’aujourd’hui, la vraie liberté d’expression se trouve en ligne et non plus dans les médias. Sont-ils définitivement devenus des institutions sans intérêt ? Fin d’une époque ?

Un paysage médiatique remodelé

On ne dira pas ici que les prochaines élections se joueront sur le web, ce serait largement exagéré. Par contre, on affirme sans trop de difficulté que le paysage médiatique français sera radicalement différent dans 3 ans de ce qu’il était en 2007.

Evidemment, le web apporte son lot de nouveaux usages, mais il est loin d’être l’unique changement en cours. Plusieurs constatations contredisent les stratégies (réelles ou supposées) du gouvernement et de Nicolas Sarkozy.

- Certains annonceurs sont en train d’éclater totalement leurs achats d’espace. Le principe : passer de 100 supports à 10.000 à budget constant. Ces 10.000 supports sont autant de lieux d’informations qu’il devient impossible de contrôler politiquement parlant. Pourtant, ils répondent aux besoins d’exposition des annonceurs.

- TF1 et M6 voient leurs revenus publicitaires s’écrouler : -27% pour TF1, -11% pour M6 (2009). Des chiffres contraires à la supposée machiavélique manoeuvre qui consistait à supprimer la pub sur France Télévisions pour engraisser ses copains.

- Les anti-hadopi, et plus largement ceux qui ont compris que le gouvernement fait fausse route sur internet, se font entendre physiquement dans la rue. De gadget pour adolescents internet est devenu un thème politique, fédérateur. Certes, le mouvement est relativement modeste. Ceci dit ils maîtrisent les réseaux d’informations en ligne, non par leur nombre, mais par leur raisonnement juste.

L’éclosion des partis pirates – qui réalisent des scores tout à fait honorables – sont une preuve “in vivo” de l’émergence d’une façon de vivre inspirée du “digital”.

- Quand des personnes déménagent, l’une de leur première question est “Et ici, niveau débit internet, c’est comment ?”. Certains intègrent la proximité d’un NRA comme l’un des critères de sélection d’un logement.

- Le parlement européen, par opposition à Sarkozy ou par compréhension de l’enjeu, ne se laisse pas totalement entraîner dans un aberrant contrôle du net.

- Free, dont le chiffre d’affaire a augmenté de 44% l’an dernier, est l’une des sociétés les plus puissantes en France, en terme de notoriété et de lobbying. L’innovation “disruptive” – c’est à dire qui casse tout un marché – montre à quel point nous sommes sensibles à ceux qui sont capables de renverser une situation sclérosée.

- Google, première entreprise au monde, réalise la majeure partie de son chiffre d’affaire sans rien vendre.

La presse n’a plus le monopole de l’influence

Un dernier élément vient clore et conclure cette liste. Frédéric Filloux a raison (même si son titre est un peu survendu…) quand il écrit que Sarkozy a acheté la presse. Mais ce que ne soulève pas Frédéric, c’est qu’acheter la presse, ce n’est plus acheter “toute” l’influence. La presse d’informations est confrontée à une montée en puissance de mouvements d’idées bien plus libres et agiles, notamment grâce à leur utilisation du web.

La sensation – parce que cela reste une sensation pour le moment – qui monte doucement est que les média sont devenus des institutions fragilisées. Partant, ceux qui considèrent qu’elles sont les uniques relais d’opinions se trompent sur les lieux de partage de l’information.

Article initialement publié sur Chouing Media.

Crédits Photo CC Flickr : Guseds, Mr Java.

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Sors de ce navigateur, web abscons ! http://owni.fr/2010/03/30/sors-de-ce-navigateur-web-abscons/ http://owni.fr/2010/03/30/sors-de-ce-navigateur-web-abscons/#comments Tue, 30 Mar 2010 12:28:03 +0000 Cedric Motte http://owni.fr/?p=11184

Parfois, Twitter ou Facebook peuvent sembler aussi abstrait qu'un toile de Kandinsky. Image CC Flickr jArtshooter

Parfois, Twitter ou Facebook peuvent sembler aussi abstraits qu'une toile de Kandinsky. Image CC Flickr Artshooter

Pour de nombreux néophytes, les outils du web restent abstraits, contrairement au journal papier, ce qui constitue un obstacle à leur appropriation. La solution réside dans l’utilisation de petits logiciels ou d’applications, qui rendent concrets les sites et plus encore leur usage.

[titre alternatif envisagé (et bien plus clair :) : "Rendre concrets les usages web par les applications"]

Lors de diverses prestations de conseil ou de formation auprès des rédactions, on entend souvent : “Oui mais bon, Twitter, Facebook, les blogs, Internet, c’est pas très concret tout de même.”

Dans le fond, cette remarque est inepte, puisque les contacts que l’on crée avec ces outils sont réels. En gros :
- c’est par mon blog que j’échange des idées,
- c’est par Twitter que je communique au quotidien avec ceux qui partagent les mêmes centres d’intérêt,
- et c’est avec Facebook que j’entretiens (à peu près) mes amitiés.

Dans la forme, pourtant, cette remarque n’est pas du tout idiote. Assez vite dans la discussion on arrive à un bien triste : “Pour nous, néophytes, cela reste des sites Internet, on n’arrive pas à se les approprier”.

Si pour les plus à l’aise avec le web, le fait de se balader de site en site via les favoris ne pose aucun problème, pour beaucoup cela reste abscons.
Cette perplexité rejoint l’interrogation de ce vieux billet “Qu’est-ce qu’un objet sur le web ?“. Où l’on se demandait comment rendre palpable un site web, face à la réalité tactile d’un journal.
A l’époque, nous étions restés à l’étape du questionnement, mais depuis j’ai trouvé une réponse qui satisfait un peu plus mes interlocuteurs.

Pour rendre concret un site web, et plus encore un usage web, il faut qu’il y ait une présence physique sur l’ordinateur : un petit logiciel, une application.

Cette réponse n’est pas exceptionnelle, et elle se confirme par (au moins) trois tendances qui se confirment ces derniers mois :

- Twitter, et ses applications tierces qui permettent de suivre plus efficacement le flux de messages. Souvent dans mes formations, j’explique leur fonctionnement et pousse à leur installation.

Une logique que l’on retrouve notamment chez SkyNews, qui installe désormais par défaut Tweetdeck sur tous les ordinateurs de la rédaction. C’est, à mon avis, un message clair qui est envoyé aux journalistes : Twitter fait partie de vos outils, d’ailleurs hop, voilà vous l’avez à portée de clic, vous pouvez maintenant mieux l’utiliser.
Si vous êtes responsable web ou directeur technique, je ne peux que vous encourager à le faire aussi ;)

- l’iPhone, et son App Store. Ses utilisateurs ne craignent plus d’installer une multitude de petits logiciels en fonction de leurs besoins. Ils ont dans leur téléphone des repères faciles pour obtenir telle ou telle information. Ils veulent potentiellement la même chose sur leur ordinateur – en tout cas c’est ce qu’ils auront sur leur… iPad.

- Spotify, et sa qualité d’écoute. J’étais dubitatif sur l’avenir de Spotify à son lancement, non pas par l’offre musicale mais en raison de l’obligation d’installer un logiciel. Grande erreur : manifestement cela ne gêne pas grande monde, notamment parce que l’application permet une qualité d’écoute et une navigation au sein de la discothèque bien plus efficace qu’un site web. Résultat, j’entends parler de Spotify à la sortie de l’école dans une petite commune de 8.000 habitants, en province.

Sans dire que le web via les navigateurs va disparaître, il parait clair que les applications prennent du temps de surf disponible. Une potentielle bonne nouvelle pour les médias… Mais c’est une autre histoire dont nous allons très bientôt parler :)

Billet initialement publié sur Chouingmedia

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Audience web et classement : attention aux noms des tableaux mediametrie http://owni.fr/2009/11/04/audience-web-et-classement-attention-aux-noms-des-tableaux-mediametrie/ http://owni.fr/2009/11/04/audience-web-et-classement-attention-aux-noms-des-tableaux-mediametrie/#comments Wed, 04 Nov 2009 15:53:14 +0000 Cedric Motte http://owni.fr/?p=5179

Rapidement, parce qu’il est tard ; mais inévitablement, parce que tout de même, c’est bon à savoir.

Vu sur le journaldunet : “L’audience des 30 premiers groupes français en septembre 2009“, selon mediametrie.

Avec ce tableau.
Ce tableau qui, sous ses airs sérieux, mélange un peu tout et n’importe quoi. Vous allez comprendre pourquoi. Si les explications données ci-dessous sont fausses, je me fouetterais 100 fois avec ma souris sans fil – après avoir fait les corrections idoines.

Le principe est simple et vous n’avez pas besoin d’aller bien loin : il suffit de regarder la page 7 du .pdf dispo sur le site de mediametrie pour voir l’amalgame.
Nous allons ici détailler quelques unes de ces enseignes pour comprendre les informations qui, avouons-le, sont légèrement en pagaille (pour ne pas dire en grand bordel).

1. Google : on ne sait pas. Mais vous allez voir qu’en fonction des critères de choix des autres enseignes, cela peut vouloir dire :
- les sites avec l’url google.com/fr (ou fr.google.com ou autre) ;
- les sites appartenant financièrement à Google – donc avec youtube ;
- l’ensemble des sites contenant des publicités Adsense.

3. France Telecom : déjà, c’est une blague, parce que la marque France Telecom n’existe plus, en tout cas pas en tant que site de destination. Il doit donc s’agir de la régie pub de France Telecom, qui gère notamment le portail Orange.

7. Groupe TF1 : ce sont les sites gérés par la régie de TF1. Par exemple, chatsderace.com.

15. Comment ça marche ? Si c’est bien le nom du site, la société qui l’édite et en est propriétaire s’appelle Quidea. Alors pourquoi on utilise le nom du site dans ce cas, et le nom de l’éditeur – Editions Aixoises Multimedia à la 27ème place – pour leboncoin.fr ? Hein, pourquoi ?

20. Web66 : il s’agit de la régie publicitaire web de la presse quotidienne régionale. Or ici on ne compte pas que les sites d’informations, mais la plupart des sites en régie chez eux. Par exemple, bourgogne-restaurants.com

Bref, tout ça pour dire qu’il y a deux points à surveiller :

- on ne parle pas ici des sites internet, mais bien des régies publicitaires. La notion de groupe définie par mediametrie (cf le pdf suscité) est un peu bizarre. Un groupe est un ensemble de sites dont la majorité du capital à une société commune. Or web66 ne détient absolument pas plus de 50% des services web des sites de la PQR. Je me demande aussi d’ailleurs combien TF1 a de parts dans le capital de chatsderace…

- il ne s’agit absolument pas des performances des sites internet éponyme aux groupes cités.

Vous allez peut être trouver que je pinaille, mais ce genre de subtilités n’est pas si anodine …

» Article initialement publié sur Chouingmedia

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Les deux phases de l’enquête en ligne : trouver des informations via les moteurs, trouver des contacts via les réseaux http://owni.fr/2009/10/06/les-deux-phases-de-lenquete-en-ligne-trouver-des-informations-via-les-moteurs-trouver-des-contacts-via-les-reseaux/ http://owni.fr/2009/10/06/les-deux-phases-de-lenquete-en-ligne-trouver-des-informations-via-les-moteurs-trouver-des-contacts-via-les-reseaux/#comments Tue, 06 Oct 2009 10:32:18 +0000 Cedric Motte http://owni.fr/?p=4267

Il y a trois semaines, afin de préparer une conférence, je vous ai sollicité via twitter et facebook pour trouver des informations sur le web en Suisse. Retour d’expérience sur ces services considérés comme inutiles quand on ne les pratique pas, ou mal.

Le contexte

Afin d’être au plus proche de mon auditoire – un quotidien basé à Genève – il était absolument nécessaire de connaître l’environnement local. Marchés de la presse et du web, meilleures expériences en ligne en Romandie, explications sur les modes d’accès et de consommation de l’information, autant de données particulièrement difficiles à trouver dès qu’il s’agit de quitter la macro-économie.

La limite des moteurs de recherche

Grâce aux moteurs, et notamment à la recherche avancée dans google, l’accès aux documents classiques d’audience est facilité. Sur le site du Conseil fédéral – admin.ch – comme sur le site de la REMP – qui mesure la diffusion de la presse – vous trouverez divers .pdf qui permettent d’avoir une vision chiffrée.

Deux limites évidentes :
- cela reste des chiffres provenant d’études, avec toutes les réserves qu’impliquent les outils de mesure d’audience online comme offline. Mais ils font foi, alors…
- certains chiffres sentent plus ou moins le formol, tant les documents sont datés.

Enfin, plus que des chiffres d’audience, je cherchais surtout des informations pour mieux comprendre l’état d’esprit général. Et ça, les moteurs ne peuvent pas facilement le décrire.

On peut tomber sur d’excellents blogs, qui relatent les expériences réussies (ou ratées) localement. Mais cela reste factuel, et surtout ne donne pas le background nécessaire pour comprendre la pratique des médias d’une population d’un million et demi d’habitants.

Demander de l’aide : ce n’est pas sale

Lorsqu’un journaliste demande à interviewer une personne, il lui demande de l’aide en vue de rédiger un article.
C’est exactement la démarche entreprise sur twitter et facebook : demander à mes connaissances – et aux connaissances de mes connaissances – s’ils avaient des infos sur l’état du web en Suisse.

Le 8 septembre, voici donc le message envoyé sur twitter, message automatiquement relayé via facebook.

Twitter + page mode wiki = mon réseau travaille tout seul

Sur twitter, parmi les 800 followers, 10 ont relayé mon message original. Par ordre chronologique de RT, un grand merci à
@xternisien (journaliste au Monde),
@Polo_ (journaliste au Courrier Picard),
@philippe_lagane (blogueur),
@leGouter (fan de groove…),
@mettout (rédacteur en chef  de lexpress.fr),
@berkati (politologue et journaliste),
@MonsieurPierre (journaliste),
@wubitt (résident suisse),
@la_nr_chantal (l’un des comptes twitter de la Nouvelle République géré par Chantal ^^)
et enfin @webatou (qui se bat pour des sites web accessibles)…

Twitter + page mode wiki = mon réseau travaille tout seul

Sur facebook, deux personnes basées en Suisse m’ont demandé de préciser ma demande (il faut reconnaître qu’en 140 caractères…).

D’après l’outil bit.ly (qui a tendance à gonfler les stats), 200 clics ont amené 83 personnes vers cette page sobrement intitulé Le web en Suisse :

Twitter + page mode wiki = mon réseau travaille tout seul

Cette page est un Google Doc en mode wiki ouvert, c’est à dire que toute personne se retrouvant sur la page peut l’éditer – elle est maintenant fermée.

En 6 heures, cette page a enregistré 350 “activités”. Sur Google Doc est considérée comme activité l’arrivée d’une personne sur la page. Ensuite, l’unité “une activité” équivaut à toutes les modifications apportées par cette personne en l’espace d’un temps donné – a priori une minute. Plusieurs personnes peuvent éditer la page en même temps.

Twitter + page mode wiki = mon réseau travaille tout seul

Quelles sont les informations recueillies ?

Un peu de tout, sans doute en raison de questions trop évasives de ma part (mais quand vous connaissez mal un sujet, vous savez quelles questions exactes poser vous ? ^^)

Quoiqu’il en soit, ces informations m’ont permis de mieux recentrer mes questions pour la deuxième phase de mes recherches.

Chercher de l’information, et trouver des contacts

La voilà la grande différence entre un moteur de recherche et un réseau social : le premier donne des informations, le second apporte des contacts qualifiés. Comment ?

Sur la page wiki sont apparus très vite des noms de personnes ad’hoc à interroger.

En parallèle mon réseau sur twitter s’est agrandi. Une (modeste mais qualifiée) vague de nouveaux twittos, suisses pour la plupart, sont arrivés. Voici ci-dessous le parcours de mon message original, avec l’heure et le lieu.

Afficher Le parcours d’un message twitter. sur une carte plus grande

10 personnes, c’est relativement faible mais c’est justement tout l’intérêt de la chose : je ne suis pas une star des réseaux sociaux, ai une influence discutée par ma propre progéniture et ne suis pas salarié par un journal ou une marque connue.

Il est intéressant de voir le lieu de ceux qui ont participé au document Google :

Ce qui tend à démontrer que s’il est nécessaire d’avoir un nombre de contacts minimum, il est surtout crucial d’avoir un réseau qualifié.

En raison d’un temps limité, je n’ai pas pu contacter toutes les personnes recommandées. Trois personnes m’ont permis d’avoir une vision éclairée de la situation, et je tiens à les remercier pour leur réactivité et surtout leur disponibilité à des horaires fantaisistes (de 21 à 23 heures avec Sandrine Szabo, entre minuit et une heure du matin avec Clément Péquignot, et le lendemain matin pour Pierre-Yves Revaz).

Ces trois personnes ont été contactées et interviewées moins de 24 heures après lancé le premier message sur twitter.

Quelles leçons en tirer ?

Une vaste question auquel il serait bien exagéré de répondre en une seule expérience, qui présente un bémol important.
Les gens sur le web, et notamment les francophones sur twitter, sont particulièrement friands d’internet. Du coup, leur poser une question qui traite du web les titille assez vite. Pas sûr d’avoir les mêmes réponses sur des sujets d’actualité.

Quelques remarques cependant.

- la question posée était une demande d’information et non une demande de contact. En lançant “Cherche plusieurs personnes pour les interviewer sur l’état du web en Suisse”, il n’est pas sûr que les bonnes personnes se soient présentées, tout simplement parce que dans ce cas vous attirez celles qui veulent être interviewées – et non celles qui sont prêtes à partager une information gratuitement.

- il est illusoire de croire que lancer une question relativement complexe sur un réseau social va apporter une réponse. Il y a un moment où il faut prendre son téléphone (ou son Skype en l’occurence) pour préciser les questions et les réponses.

- c’est un gain de temps considérable. “Mon” réseau a travaillé pour moi. Très concrètement, j’ai lancé le message à 14h, mais n’y suis revenu que deux heures après. Entre temps, les informations et les contacts sont arrivés d’eux-mêmes. Reste évidemment à trier ensuite.

- c’est une facilité de mise en relation exceptionnelle. Comment aurais-je fait il y a 15 ans ?
// J’aurais appelé des organismes officiels ou des entreprises,
// serait tombé sur de gentil(le)s secrétaires dont le métier est de filtrer les coups de fil,
// aurais eu des réponses plus ou moins claires, plus ou moins rapidement, mais surtout des réponses en impasse. Là, chaque personne du réseau est un pont vers une autre personne, éventuellement plus qualifiée ou d’avis différent.

Quels sont vos retours sur des expériences similaires ? L’an dernier, France 24 avait détaillé leur utilisation de twitter pour trouver une personne à interviewer suite à la fusillade dans un collège en Allemagne. Mais ce qui marche pour des sujets web ou des breaking news, l’avez-vous expérimenté pour du local ? Pour de l’info de proximité ? Vos commentaires sont les bienvenus !

> Article initialement publié sur Chouingmedia ]]> http://owni.fr/2009/10/06/les-deux-phases-de-lenquete-en-ligne-trouver-des-informations-via-les-moteurs-trouver-des-contacts-via-les-reseaux/feed/ 3 Comment expliquer l’économie de la gratuité aux enfants ? http://owni.fr/2009/08/21/comment-expliquer-la-gratuite-aux-enfants/ http://owni.fr/2009/08/21/comment-expliquer-la-gratuite-aux-enfants/#comments Fri, 21 Aug 2009 06:01:14 +0000 Cedric Motte http://owni.fr/?p=2559

A l’heure de l’apéro, en attendant le BBQ et après la plage, les discussions vont bon train avec les potes venus à la maison.
Autour de nous tournent entre un à dix enfants – fonction du nombre de parents.

Hier soir, nous avons discuté gratuité, notamment des jeux vidéos. Les enfants ont commencé à tendre l’oreille quand ils ont compris qu’on pouvait récupérer des dizaines de jeux pour alimenter en continu leur Nintendo DS.

Ils ont alors posé une question cruciale : “Pourquoi certaines choses peuvent être gratuites ?”

Une question bouleversante qui se rapporte évidemment aux produits insaisissables, à savoir, en gros, tous les produits culturels numériques. Mais qui, à terme, peut se poser pour de nombreux autres produits plus “réels”. Ils sont par exemple encore attachés au livre en tant qu’objet, mais jusqu’à quel âge ?

Comment expliquer à nos enfants qu’il n’est pas question de gratuité, mais d’un système compliqué d’offre et de demande perverti ?

Comment expliquer “l’industrie” des produits culturels ? Là où eux ne voient que guitaristes, chanteurs, acteurs et personnages de jeux vidéos, nous savons bien que le nombre de participants à la réalisation d’une oeuvre culturelle est considérable…

Comment leur faire comprendre qu’ils doivent trouver une voie entre l’économie traditionnelle, où un nombre d’heures effectuées correspond grosso modo à un salaire, et l’économie de la gratuité qui est une économie de survivants, où seule l’excellent a une valeur ?

Comment leur expliquer que “faire carrière” dans l’économie de la gratuité est plus proche d’une carrière de sportif ou chanteur que de celle d’un comptable, directeur financier voir d’un journaliste ?

Enfin, comment expliquer que tout travail mérite salaire ? Qu’il n’y a pas de gratuité absolue. Voir, que le désir de posséder un objet rend son obtention d’autant plus jouissive ?

N’hésitez pas, dans les (éventuels) commentaires, à signaler votre situation : avec ou sans enfant ? Pour ma part, j’en compte deux impatients de vos réponses !

A lire :
- sur le site de la Wu Ming Fondation, un article de 2004 “Le copyleft expliqué aux enfants
- sur Parole Citoyenne, un livre blanc qui explique l’Open Source, réalisé par Smile.
- sur aaaliens, les tags Open Source et gratuit

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http://owni.fr/2009/08/21/comment-expliquer-la-gratuite-aux-enfants/feed/ 4
Hadopi : voici pourquoi la coupure de l’accès à internet est une atteinte au droit à l’information http://owni.fr/2009/06/11/hadopi-voici-pourquoi-la-coupure-de-lacces-a-internet-est-une-atteinte-au-droit-a-linformation/ http://owni.fr/2009/06/11/hadopi-voici-pourquoi-la-coupure-de-lacces-a-internet-est-une-atteinte-au-droit-a-linformation/#comments Thu, 11 Jun 2009 21:31:12 +0000 Cedric Motte http://owni.fr/?p=1658 Cliquer ici pour voir la vidéo.

No comment.

“Article” exclusif pour owni – Cedric Motte

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http://owni.fr/2009/06/11/hadopi-voici-pourquoi-la-coupure-de-lacces-a-internet-est-une-atteinte-au-droit-a-linformation/feed/ 0
Ils sont illégaux si… http://owni.fr/2009/05/09/ils-sont-illegaux-si/ http://owni.fr/2009/05/09/ils-sont-illegaux-si/#comments Sat, 09 May 2009 07:38:05 +0000 Cedric Motte http://owni.fr/?p=1013 J’ai rêvé cette nuit que TF1, par la voix de Jean-Claude Dassier, allait écouter des arguments de bon-sens.
Nous étions trois ou quatre, sur les canapés du hall de TF1, à discuter avec lui de l’évolution des usages autour de l’accès à l’information et à la culture.
A un moment, je me suis levé, calmement, et ai expliqué à Dassier une certaine idée de la musique et des artistes.

Les phrases étaient très exactement les suivantes :

“Il y a quand même quelque chose de perturbant avec Hadopi. Hadopi est pour lutter contre les téléchargements illégaux. Mais cela ne colle pas avec la notion de musique.

Ils sont illégaux si on considère que vendre des CD est le travail des musiciens.

Ils sont illégaux si on considère que certains artistes doivent pouvoir “extrêmement” bien vivre de leur musique.

Ils sont illégaux si on considère que faire des concerts est accessoire par rapport à vendre de la musique.

Ils sont illégaux pour ceux qui ont des rêves de gloire et de richesse et qui, par facilité supposée, utilisent la musique comme le moyen d’y arriver.

Ils sont illégaux pour ceux qui n’ont pas compris que l’écoute musicale via internet est au contraire un révélateur de talents et permet, grâce à ce bouche à oreille numérique, de faire émerger les plus méconnus.

Ils sont illégaux pour ceux qui ont peur que ces talents méconnus n’aient pas besoin d’eux pour vivre.

Bref, ils sont illégaux pour ceux qui considèrent que la musique n’est plus un art mais un bien marchand.

Dassier a largement approuvé cette diatribe. Il a répondu : “Ok, on se trompe à TF1, sur deux sujets.

Non seulement on s’attache à essayer de défendre les CD et DVD, ce qui est un combat caduque car ce n’est pas le support qui fait la musique.

Mais en plus, nous n’allons pas dans le sens des artistes et, de fait, notre image de marque en souffre. Là où avec 6 chaînes de télé il y avait peu d’alternative, aujourd’hui avec la TNT, les chaînes par ADSL, sur mobile, youtube et autre, on a trop de concurrents pour ne plus devoir jouer sur une bonne image.

Nous sommes restés dans l’esprit des années 80, où celui qui avait une bonne image était celui qui avait les dents les plus longues. Normal, nous venons de changer de dirigeant et Patrick Le Lay fut l’artisan de la privatisation de TF1 en… 1987.
C’est vrai que vouloir gagner de l’argent est un formidable moteur, mais nous sommes allés trop loin et surtout, nous n’avons pas compris que la confiance dans la marque, cette notion de recommandation nouvelle, peut nous être fatale.

Je monte en parler à Nonce.”

Et j’ai rêvé que Nonce Paolini en parlait le lendemain à Christine Albanel et Françoise de Panafieu ; que du coup le texte Hadopi était retiré au profit d’un texte au titre bien plus réjouissant “Création culturelle : faciliter l’accès à la culture sur internet, dans la rue, dans les salles de concert, dans les bars, …”

Cedric, de chouingmedia, article exclusif pour owni.fr

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