OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La nébuleuse suisse des copinages public-privé http://owni.fr/2012/11/29/la-nebuleuse-suisse-des-copinages-public-prive/ http://owni.fr/2012/11/29/la-nebuleuse-suisse-des-copinages-public-prive/#comments Thu, 29 Nov 2012 11:20:36 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=126801 Le Matin a traqué les liens entre public et privé dans l'attribution des marchés publics pour les résumer en une magnifique carte où se mêlent argent, influence et conflits d'intérêts, en s'appuyant sur le registre des appels d'offre de la confédération helvétique. ]]>

À plat sur un poster, les réseaux entre administration et entreprises bénéficiant de la commande publique suisse forment une galaxie. Littéralement. Fruit de l’enquête des journalistes du quotidien Le Matin et des talents de visualisation de l’agence Pegasus Data, cette superbe datavisualisation a été publiée dimanche 25 novembre dans les éditions francophone et germanophone du quotidien. Elle est, de plus, accompagnée sur Internet d’un très intéressant déroulé de la démarche ayant permis la réalisation de ce graph.

La cartographie intégrale des 1750 mandats délivrés par la confédération suisse pour des marchés publics. En bleu, les administrations, en grisé, les entreprises, et sur les lignes qui les relient, des points noirs, fonctionnaires en lien avec le privé ou inversement (cliquez pour la version haute définition).

À la source de ce schéma d’influences, les 1 745 mandats fédéraux attribuées à des entreprises par la confédération helvétique réunis sur la plate-forme Simap (qui ne contient malheureusement pas les nombreuses attributions “de gré à gré”) que les journalistes du Matin ont regroupé sur les années 2009 à 2012 afin d’en extraire une liste des cadres des entreprises visées et des responsables des administrations successives. À partir de là (aidé par les données du societe.com suisse, InfoCube.ch), les journalistes ont pu cartographier les liens unissant tel ou tel membre de l’administration, où, selon Le Matin, des conseillers fédéraux très pointus revendent régulièrement leur service une fois passés dans le privé via des boîtes de conseils créées à cet effet.

Injectés dans le logiciel opensource de cartographie Gephi, les données du registre des marchés publics raffinées révèlent les connexions croisées entre public et privé autour de contrats publics chiffrés en millions de francs suisses.

Injectées dans le logiciel de cartographie Gephi, les contacts se sont mués en arc et les masses de francs suisses des contrats publics en volume des bulles que formaient administrations et entreprises. Entre un commanditaire public et un délégataire se glisse parfois un point noir : il s’agit des personnes ayant eu un lien avec l’administration et l’entreprise, autrement dit, d’un copinage. Marius Redli (le point numéro 2 sur le schéma) a ainsi récupéré par le biais d’une entreprise de consulting montée de toute pièce 150 000 francs suisses (124 500 €) de contrat avec la base informatique de l’armée le lendemain de son départ en retraite de l’Office fédérale de l’informatique et des télécommunications. Un mandat bientôt doublé en montant, peut-être du fait du poste de colonel actif du même Redli au sein de l’administration militaire. Et il ne s’agit là que de contrats passés par des commandes publiques : l’Administration fédérale des contributions s’est ainsi vue décapitée suite à la découverte de 55 contrats passés de gré-à-gré dans le cadre de commandes en service informatique pour un total de 150 millions de francs suisses (124,5 millions d’euros).

Une règle existe pourtant depuis 2009 pour interdire contractuellement à un spécialiste de l’administration de se recaser dans une entreprise liée à son employeur public pendant deux ans. Mais, constatent nos confrères du Matin, elle n’a jamais été appliquée et épargne nombre des étoiles filantes de cette nébuleuse de copinage.

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Mesure ta pollution http://owni.fr/2012/11/26/mesure-ta-pollution/ http://owni.fr/2012/11/26/mesure-ta-pollution/#comments Mon, 26 Nov 2012 12:06:38 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=126646

Citoyens capteurs - Photo CC bync Pierre Metivier

À peine arrivé à la table matinale de ce café parisien, Gabriel Dulac sort son tournevis pour offrir au regard le contenu du capteur citoyen de qualité de l’air. À l’intérieur de cette espèce de boîtier gris EDF, gros comme une boîte à sucre, le strict minimum vital : un mini ordinateur, deux capteurs, une batterie et une clef 3G pour transmettre les données. Le tout en “full open hardware”, terme que répète avec méthode Olivier Blondeau, docteur à Sciences Po : “présenter l’objet ouvert fait partie de notre démarche”. Né de la rencontre de ce duo de Labo citoyen et de l’association Respire, le projet Citoyens capteurs vise à rendre abordable pour 200 euros un système fiable de relevé de la qualité de l’air, avec plans et données en format open source.

L’idée de mesures à l’échelle citoyenne n’est pas inédite. Avec la catastrophe de Fukushima, la nécessité d’un réseau de capteurs complémentaire de celui des pouvoirs publics (dépassés par les besoins d’information sur l’étendue des dégâts radiologiques) a amené à la constitution de toute une infrastructure associative de recueil des taux de radioactivité, le réseau Safecast. Une idée qui avait déjà été celle de la Criirad en France et pour le même indicateur.

Expertise

Lancé sur le champ de la mesure de qualité de l’air, Labo citoyen et Respire ont également pu s’inspirer d’autres initiatives ayant défriché le terrain des capteurs à bas coût et de la mise à disposition de données, comme AirQualityEgg.

Mais si la mesure de radioactivité ne nécessite que le recueil d’une variable (le nombre de désintégrations de noyaux radioactifs, exprimé en Becquerel), celle de la qualité de l’air porte sur une quantité de composantes : ozone (O3), particules fines et dioxyde d’azote, pour ne citer que les seuils clés. Or, pour rendre les données recueillies comparables à celles des organismes reconnus, le capteur citoyen de qualité de l’air se devait de répondre aux normes admises et donc d’aligner une haute qualité de mesure. Une expertise disponible uniquement chez les organismes eux-mêmes, ce qui a amené Gabriel à discuter directement avec AirParif :

En deux heures de discussion, nous avons gagné cinq mois d’expertise. Au départ, nous mesurions les microparticules en volume, sauf que le seuil est en poids et que la densité peut varier du tout au tout au moindre changement de température.

Si AirParif refuse l’idée d’un “label”, l’association agréée de mesure de qualité de l’air parisien a ouvert ses labos aux prototypes de capteurs citoyens, suivant une démarche détaillée par sa directrice de la communication Karine Léger :

Cette initiative s’inscrit pour nous dans la continuité de notre mission : en complément de notre réseau de soixante capteurs en Île-de-France, placés dans des zones représentatives, nous souhaitons obtenir des mesures dans les zones d’exposition des gens. Depuis 2006, nous avons déjà fait des tests dans les habitacles des automobiles, dans les transports en commun (ou avec des tubes tests) sur des citoyens volontaires tout au long de la journée. À chaque fois, il s’agissait de versions réduites de nos capteurs principaux. Nous opérons un échange d’expertise scientifique sur les capteurs citoyens afin qu’ils puissent produire des données qui complètent les nôtres.

En pratique, les capteurs d’AirParif sont disposés dans des endroits représentatifs, permettant d’élargir la mesure par des outils de modélisation. Carrefour d’Alésia, dans le XIVe arrondissement, un capteur mesure ainsi les émission sur un “grand rond-point congestionné de Paris” tandis que, le long du boulevard périphérique, deux points de mesure évaluent la qualité de l’air à la frontière de la capitale.

Anti-Linky

La démarche des citoyens capteurs n’est cependant pas strictement scientifique. Derrière le concept de “full open hardware”, le projet tout entier s’inscrit dans une logique d’ouverture à la réappropriation et à la contribution citoyenne : chaque pièce (du mini ordinateur Rapsberry Pi aux outils de mesure) est listé sur le wiki [en], le code de la base de données recueillant les mesures est disponible sur le réseau social Github… Et le tout en licence ouverte et réutilisable. Une démarche d’ouverture totale du dispositif que Labo citoyen et Respire souhaitent accompagner mêlant formation technique, exposé médical sur les dangers de la pollution atmosphérique et initiation à la chimie de l’air urbain.

Nous sommes dans l’anti-Linky, ironise Olivier Blondeau. EDF nous propose un boîtier fermé, dans lequel personne ne sait ce qu’il y a et qui communique des informations qui vous concernent mais uniquement à EDF. Là, tout est ouvert et disponible pour l’amélioration et la réappropriation.

L’interprétation même des données est laissée à l’imagination et aux besoins des utilisateurs. Chercheuse à l’université Paris-III en Sciences de la communication et associée au projet, Laurence Allard inscrit cette démarche dans une réappropriation politique de l’objet à rebours du transhumanisme :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Chacun peut mettre en scène les données à sa guise : pour une manifestation, nous avions fixé un haut-parleur qui hurlait les résultats, pour une autre, un téléscripteur qui les crachait comme un sismographe… Nous ne sommes pas dans une machinisation des humains mais dans un outillage de l’homme par la machine. Il ne s’agit pas d’un objet mais d’une expertise embarquée qui vise à donner à chaque citoyen une capacité d’empowerment) politique grâce à l’Internet des objets.

Bottom-up

Dans la perspective d’un déploiement plus large, l’ingénieur de la bande a déjà prévu de permettre aux capteurs de communiquer entre eux, “qu’ils puissent s’étalonner, prévenir d’une panne, relayer une batterie faible…” énumère Gabriel Dulac.

Pour assurer l’accessibilité des capteurs aux associations, le coût reste une contrainte-clé et justifie, à lui seul, le recours au do-it-yourself : un seul boîtier AirParif, produit de qualité industrielle, est facturé 10 000 euros. Aux yeux de Sébastien Vray, président de l’association Respire, le potentiel d’empowerment est considérable :

Aujourd’hui, les associations de surveillance de la qualité de l’air (Asca) produisent des données fiables mais sur des échantillons très étroits : une batterie de station de fond, éloignée du trafic, et des batteries de proximité, plongées dans la circulation. Avec les capteurs citoyens, la possibilité serait offerte de produire une véritable information bottom-up sur la qualité de l’air : placer des capteurs dans des poussettes, simuler des trajets ou, tout simplement, mettre des capteurs chez les “pauvres” pour pouvoir établir le lien entre précarité sociale et précarité environnementale.

L’OMS évalue à deux millions par an le nombre de décès prématurés liés à la dégradation de la qualité de l’air (30 000 en France) . Avec les capteurs bon marché, Respire espère donner aux associations de défense du cadre de vie les moyens d’argumenter sur les nuisances liées à la pollution de l’air. Pour héberger les premières données, Sébastien Vray vient d’inaugurer PollutionDeLAir.info, une des premières extensions du projet Capteurs citoyens qui lance ses sondes en direction d’autres défis offerts par les données environnementales : pollution sonore, pollution visuelle et qualité de l’eau.


“Citoyens capteurs”Photo CC [bync] Pierre Metivier. L’autre photo (sur fond vert) est issue du wiki mentionné dans l’article.
Photo de une de Pierre Métivier, éditée par Owni.

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http://owni.fr/2012/11/26/mesure-ta-pollution/feed/ 17
Les 150 millions égarés de la République http://owni.fr/2012/11/14/les-150-millions-egares-de-la-republique/ http://owni.fr/2012/11/14/les-150-millions-egares-de-la-republique/#comments Wed, 14 Nov 2012 12:48:13 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=125768 Owni a extrait une liste partielle des bénéficiaires de 150 millions d'euros accordés au titre de la réserve parlementaire, où apparaissent de potentiels conflits d'intérêt. En partenariat avec l'association Anticor, et en attendant la publication intégrale de ces dépenses discrétionnaires, nous proposons à chacun de se plonger dans ce document. Après l'avoir épluché.]]>

Mise à jour, 16 novembre à 18h10
Le député Jean-Michel Couve, cité dans cet article, nous a recontacté pour donner suite à notre article. Lire sa réaction.

150 millions d’euros échappent chaque année à la publication du budget. Sous le titre de “programme 122″ (concours spécifiques et administration) et de multiples programmes ministériels, environ 60 millions sont ainsi attribués et dépensés par les sénateurs et 90 millions par les députés sans que soit publiée la liste des enveloppes ni le reçu des sommes engagées. Faute de disposer d’un document intégral, Owni s’est tourné vers l’annexe au projet de loi de Finances 2013 [pdf] portant sur “l’effort financier de l’État en faveur des associations”, un des deux postes de dépense autorisé pour la réserve parlementaire avec les investissements pour les collectivités locales. En “scrapant” ce document pour récupérer les données correspondant à l’objectif “réserve parlementaire” pour l’année 2011, nous avons pu reconstituer une liste partielle mais riche d’informations des récipiendaires de ce mystérieux programme. Nous vous la restituons ci-dessous et vous invitons à la consulter en document partagé sur Google Drive, liste classée par ordre alphabétique des associations ou par ordre décroissant de montant.

Parti associé de l’UMP

Notre consœur de Mediapart Mathilde Mathieu avait déjà révélé la façon dont le sénateur Grosdidier avait subventionné son propre club de réflexion par l’injection de 60000€ de sa propre réserve parlementaire en 2011. Révélation qui avait valu le dépôt d’une plainte pour prise illégale d’intérêt. A la lecture de l’interminable document que nous avons reconstitué, les conflits d’intérêts émergent.

Au titre de la réserve parlementaire 2011 apparaît ainsi une enveloppe de 50 000 € au nom du “Mouvement initiative et liberté”. Selon la plaquette de ce club politique [pdf], sa création le 16 décembre 1981 répondait à un objectif :

Il s’agissait d’empêcher que les socialo-communistes, après s’être emparés du pouvoir politique, ne mettent définitivement la main sur les esprits et sur les structures de notre pays. Il n’existait pas d’organisation adaptée à ce genre d’action : c’est ce vide que le MIL a voulu combler.

Le site officiel répertorie parmi ses inspirateurs de Gaulle, le général de Boissieu et Jacques Foccart, figure notable de la Françafrique et du Service d’action civique, dissout l’année de la création du MIL. Contacté par Owni, le mouvement n’a pas souhaité répondre à nos questions sur la réserve parlementaire :

Vous croyez vraiment que je vais répondre à une question pareille ?
— C’est votre droit. Et pensez-vous que je puisse avoir des détails sur le statut du Mil vis-à-vis de l’UMP ?
— Il faut aller voir sur le site.

Moins réticent, le site nous apprend que le Mil est un “parti associé à l’UMP” qui, à ce titre, peut disposer de représentants dans son bureau politique. 50 000 € d’argent public ont donc été attribués, en 2011 et en toute discrétion, à un club politique disposant de ses entrées au sein du parti majoritaire à droite.

Sous le titre incomplet de “Association developp durable territoire” se dissimule un autre cas notable. Mais à 130 000 € celui-là. Suivant le numéro Insee, il s’agit en fait de l’association de développement durable du Territoire Maures, à la Garde-Freinet (depuis déménagée à Saint-Tropez) . Laquelle a pour président Jean-Michel Couve, député UMP de la 4è circonscription du Var, qui en fait même une longue mention accompagnée d’une vidéo sur son blog. L’association se fixe notamment pour objectif la rédaction d’un Schéma de développement durable du tourisme. Un sujet que le député Couve traite par ailleurs au sein de son parti, puisqu’il est secrétaire nationale en Charge de l’Hôtellerie-restauration et des Loisirs de l’UMP.

“Personne ne vous parlera”

Dans un autre genre, les 10 000 € accordés au Lion’s Club de Conflans-Montjoie prennent un relief particulier quand on note sur le site de l’association que son président, Claude Ney, est directeur de cabinet chez Arnaud Richard, député UMP des Yvelines (le risque d’homonymie étant écartée à la lecture d’un article de presse local signalant la visite du député à l’association auprès de son assistant).

En survolant les 1 243 lignes du fichier, la majorité des organisations tombent néanmoins dans les grandes catégories de la vie associative : caritatif (les Restos du cœur et la Croix-Rouge reçoivent les plus grosses enveloppes), aide à l’emploi, à la jeunesse et à la famille, associations mémorielles (fondation Charles-de-Gaulle en tête) et activités culturelles et sportives diverses. En regardant de plus près, certains surprendront également quelques organismes de gestion de l’enseignement catholique (OGEC) et associations de chasseurs.

La qualité du fichier laisse cependant à désirer. En colonne “Objet”, nous avons laissé les mentions du fichier PDF original, lesquelles nous apprennent que, dans certains cas, la réserve parlementaire ne représente qu’une partie des dons ministériels (dont le montant n’est pas toujours précisé). Le total des montants que nous avons pu réunir est donc certainement bien inférieur. Le plus gros problème étant qu’il ne s’élève qu’à un peu plus de 10 millions d’euros, soit un quinzième du montant de la réserve. 140 millions sont toujours intraçables.

Pour trouver les sous manquants, nous nous sommes tournés successivement vers l’Assemblée, le ministère de l’Économie et le ministère de l’Intérieur. La première réponse devint un refrain à nos requêtes :

Personne ne vous parlera.

Au fil des jours et mêmes des mois (les premiers contacts ayant été pris avant l’été), le doux parfum d’omerta semblait embaumer du Palais Bourbon à Bercy, passant même la Seine jusqu’à la place Beauvau. Contactés et relancés par nos soins, aucun des deux cabinets ni des services techniques associés n’ont donné suite à deux simples questions : existe-t-il une base compilant les montants de la réserve parlementaire ? Existe-t-il un interlocuteur pour nous parler du système ? Renvoyés à nos chers tableaux, nous nous sommes vus plusieurs fois répliquer que le sujet était “trop technique” et même, par un fonctionnaire du Trésor, que les auteurs des “Jaunes” ne répondaient “jamais aux journalistes, ne cherchez pas”.

Corruption

L’analyse de ce fichier et ses insuffisances imposent cependant quelques constats : les sommes utilisées de façon discrétionnaires le sont parfois dans des cadres qui recoupent clairement la définition du conflit d’intérêt. Quand ce n’est pas le cas (comme pour l’écrasante majorité des bénéficiaires), il s’agit de subventions pour des missions d’intérêt général (aide à l’emploi, l’enfance, l’éducation, l’insertion, etc.) normalement prises en charges par les collectivités ou l’État et donc de circuits détournés d’aide publique. Lesquels donnent parfois lieu, comme c’est le cas pour le député Grosdidier, à des détournements à des profits politiques.

Engagée dans la lutte anticorruption, l’association Anticor tente d’alerter sur le sujet depuis maintenant plusieurs années, comme le souligne son secrétaire général, Pierrick Prévert :

Sur la réserve parlementaire, notre action vise surtout à la mobilisation et à l’information. À l’occasion des dernières législatives, nous avons fait signer la charte Anticor des engagements des candidats à la députation qui engage ses signataires à, notamment, “mettre un terme à la pratique féodale de distribution opaque et inéquitable de la réserve parlementaire”.

Cette démarche reste cependant isolée et les propositions pour lutter contre cette pratique ou bien l’encadrer, ne serait-ce que par la publication de ses comptes, tombent régulièrement dans l’oubli ou le consensus mou. Annonçant son intention de réformer le système, promettant la publication des données, le nouveau président de l’Assemblée, Claude Bartolone, n’a en fait donné comme instruction aux parlementaires socialistes que de limiter l’enveloppe et de respecter les délais administratifs, ainsi que d’éviter les petites subventions. Du côté du rapport Jospin, les mesures “techniques” s’accumulent sur les élections mais les mots “réserve parlementaire” n’apparaissent pas plus que le fameux “programme 122″. Non sollicité par la commission, le secrétaire général d’Anticor regrette ces piétinements :

Chaque petit pas est encourageant, et ces propositions vont incontestablement dans le bon sens mais il est très difficile de s’enthousiasmer tant elles sont en demi-teinte. Le rapport Jospin a 10 ans de retard. Il préconise la fin du cumul avec un mandat exécutif local. Sur le même sujet, la position d’Anticor qui n’est pas franchement révolutionnaire est : interdiction du cumul dans le temps (pas plus de deux mandats successifs), interdiction du cumul avec des mandats exécutifs, mais aussi avec des fonctions exécutives.

Parmi les quelques députés à s’être intéressés au sujet, feu Patrick Roy avait avancé la proposition de proportionner cette aide aux revenus des circonscriptions [pdf] (proposition tombée dans l’oubli une fois dépassé le délai légal de constitution d’un groupe de travail sur le sujet).

Crowdsourcing

Dès lors, il n’y a que deux options face à la situation : soit la réserve parlementaire est illégale car relevant de pratiques que la République réprouve, auquel cas elle devrait être supprimée. Soit elle relève d’une “aide aux collectivités territoriales”, comme l’avançait la députée Marie-Françoise Pérol-Dumont, auquel cas, elle doit être publique dans ses attributions comme dans ses dépenses.

Dans l’attente d’une démarche d’Open Data sur les montants attribués et dépensés dans ce cadre, qui nous apparaît comme la seule démarche logique quant à l’usage des deniers de l’État, Owni s’associe à Anticor pour inviter les citoyens à nous aider dans notre exploration des données déjà collectées. Sur la base du fichier constitué à partir des annexes du projet de loi de Finances, nous mettons à disposition le formulaire ci-dessous afin que chacun puisse, anonymement, signaler des liens dont il aurait connaissance entre une association bénéficiaire et un parlementaire ainsi que la source sur laquelle il s’appuie.

Au fil des jours, nous vérifierons et interpellerons les élus concernés ainsi que les associations. Nous réaliserons à partir des données recueillies des outils permettant de visualiser l’usage de la réserve ainsi que des systèmes de recherche pour faciliter l’accès aux informations contenues dans ces documents. Si nous venions à nous procurer des données complémentaires, elles seraient mises à disposition du public sur Owni et sur le site d’Anticor.

Ce projet ouvert sera mis à jour au fil des contributions et des découvertes. À moins que la décision ne soit prise de publier l’intégralité des attributions et de l’usage de la réserve parlementaire depuis ses origines.


Vendredi 16 novembre à 17h40, Jean-Michel Couve a recontacté Owni pour donner suite à nos questions. Il a confirmé être toujours président de l’association et être à l’origine de la subvention de 130 000€ qui lui a été versée au titre de la réserve parlementaire en 2011 :

Cette association existe depuis 10 ans et, du fait de l’absence de subvention (en dehors des cotisations des mairies membres), nous avions le choix entre tout arrêter ou faire une demande. J’ai donc décidé de verser l’intégralité de ma réserve pour l’année 2011 à cette association qui concentre son action sur une partie spécifique du territoire du Var : le dossier a été instruit par le groupe puis par les services de l’Etat, le ministère de l’environnement en l’occurrence, et personne n’y a rien trouvé à redire.

Interrogé sur l’usage de la réserve parlementaire, le député de la 4è circonscription du Var a défendu le système au nom des “multiples associations qui, depuis des années, ne survivraient pas sans les moyens alloués par ce biais”.


Photo par wand3rl0st[CC-byncnd]

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http://owni.fr/2012/11/14/les-150-millions-egares-de-la-republique/feed/ 76
La (non) parité révélée au coeur des sciences http://owni.fr/2012/11/13/la-non-parite-revelee-au-coeur-des-sciences/ http://owni.fr/2012/11/13/la-non-parite-revelee-au-coeur-des-sciences/#comments Tue, 13 Nov 2012 15:09:15 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=125817 The Chronicle a visualisé la place des femmes dans les publications scientifiques du XVIIe siècle à nos jours en analysant les deux millions d'auteurs référencés par la base d'articles universitaires Jstor. Un travail de tri phénoménal pour un constat irrévocable sur l'absence totale de parité dans la communauté.]]>

Le chiffre pourrait être une mauvaise blague machiste, il s’agit malheureusement d’une statistique : sur plus de 1 800 champs scientifiques référencés, les femmes ne sont plus auteurs majoritaires de publications scientifiques que dans les domaines concernant les gender studies, l’histoire du féminisme, l’étude des suites de grossesses, l’apprentissage chez les jeunes enfants et la recherche sur les étudiants issues des minorités.

La première visualisation s'appuyait déjà sur la base de données Jstor des publications scientifiques pour évaluer la place réelle des femmes selon les champs d'expertise.

Poursuivant le travail mené par les chercheurs Jevin West et Jennifer Jacquet, spécialiste de l’étude des genres à l’université de Washington, le magazine universitaire The Chronicle a remis en forme les conclusions de leur première tentative de visualisation de la place des femmes dans les publications scientifiques (au départ visualisé avec la librairie Javascript Infovis, voir ci-dessus).

L’initiative elle-même s’inscrit dans le projet Eigenfactor, visant à évaluer le poids relatif des publications scientifiques dans leurs domaines. Basé sur l’algorithme du même nom, le système sert de base à l’évaluation du degré de domination masculine des diverses spécialités en s’appuyant sur la somme des articles de deux millions d’auteurs, étalée entre 1665 et 2011. À partir des données récoltées, les auteurs de la base ont croisé les informations avec les données de la Sécu américaine pour trancher si les prénoms étaient attribués en majorité à des hommes ou à des femmes et en ont tiré les statistiques utilisées.

En cliquant sur chaque champs, il est possible de consulter les données portant sur les sous-champs qui le compose et ainsi de suite.

Remixé par The Chronicle, la base de données offre un panorama détaillé et édifiant de la situation des femmes dans les publications scientifiques. À chaque champ correspond une barre colorée, dont la partie foncée correspond au pourcentage de femmes auteurs, tandis que les cercles sont proportionnés aux nombres d’auteurs (le record en la matière est détenu par les sciences cognitives avec 29,6% de femmes). D’un clic sur la discipline et se déploient les barres correspondants aux sous-champs d’étude, comme ci-dessus avec la biologie moléculaire et cellulaire) et ainsi de suite jusqu’à épuisement des spécialités.

Il est également possible de choisir la période de référence (des origines à 1970, de 1971 à 1990 et de 1990 à nos jours), permettant d’apprécier une relative progression de la place des femmes dans les sciences. Un dernier filtre permet de ne viser que les premiers ou derniers auteurs, les premiers étant généralement les plus grands contributeurs aux travaux de recherche (sauf en économie et mathématique où les noms sont souvent annoncés par ordre alphabétique) et le dernier désignant dans les sciences du vivant le directeur de recherche.

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Quand la Chine s’est éveillée http://owni.fr/2012/11/12/quand-la-chine-s-est-eveillee/ http://owni.fr/2012/11/12/quand-la-chine-s-est-eveillee/#comments Mon, 12 Nov 2012 17:22:16 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=125806 The Guardian retrace en quelques statistiques animées une décennie de mutation chinoise... 251 milliardaires, onze fois plus d'Internautes et cinq fois plus de divorce.]]> La nouvelle tête de la République populaire de Chine, Xi Jinping, s’apprête à diriger un pays bien différent de celui où il prit ses premières fonctions de secrétaire général pour la province de Zhejiang en 2002. Dans le cadre de sa couverture de la passation de pouvoir suite au XVIIIe congrès de l’organe de décision centrale de l’Empire du Milieu, The Guardian a réuni en une roue d’icônes, à parcourir d’un clic de souris, les grands retournements qu’a connu le pays en une décennie.

Si la Chine s'est occidentalisée dans son économie, elle l'a aussi fait dans ses mœurs : en 10 ans, le nombre de divorce a été multiplié par 5 selon les statistiques du ministère des Affaires civiles.

En 10 ans, la population chinoise s’est transvasée des campagnes vers les villes, qui représentaient selon la Banque mondiale 50% de sa population en 2011. Les milliardaires, notion encore inconnue au début du siècle, sont désormais 251, le PIB par habitant ayant été multiplié par cinq et les investissements directs à l’étranger par quatre. Pour sa part BMW a atteint les 217 000 exemplaires vendus en 2011, là où moins de 10 000 de ses modèles roulaient il y a 10 ans.

Le tableau serait incomplet sans l’évolution des mœurs : l’avènement du tourisme pour 40 millions de Chinois supplémentaires et onze fois plus d’entre-eux qui sont connectés… Mais pour un web sujet à toutes les cautions, notamment du fait du Parti communiste chinois. La seule parti de ce petit instantané qui, lui, ne semble pas avoir changé.

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Regarde les US voter http://owni.fr/2012/11/07/regarde-les-us-voter/ http://owni.fr/2012/11/07/regarde-les-us-voter/#comments Wed, 07 Nov 2012 17:46:04 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=125485

Du lendemain de la défaite républicaine en 2008 à la veille du scrutin, The Guardian vous entraîne dans une graphic novel de quatre ans de vie politique américaine.

De tous les coins de France, nous avons suivi la campagne américaine comme une série télévisée. Depuis l’élection de Barack Obama jusqu’à sa confirmation pour un second mandat, cette histoire a connu des rebondissements dignes d’une fiction, étalés sur les quatre ans d’un feuilleton que The Guardian a retracé à l’encre. En scrollant sur la page, les contours des Tea Party se forment, précédent la meurtrière primaire républicaine et les derniers mois des quatre premières années de présidence Obama. Une graphic novel qui ne souffre que d’un suspense depuis éventé.

Budget

Derrière les groupes de soutien aux candidats, des hommes d'affaires dans l'attente de renvoies d'ascenseur... Les Super Pacs, étrangeté du financement des campagnes américaines décryptée par ProPublica.


Consécutive à la crise, cette campagne aura été marquée par la démesure de ses moyens, des milliards de dollars injectés en billets d’avion, convention et spot télés. Méconnud en France, les Super Pacs ont fait scandale aux États-Unis, ces structures de soutien aux candidats abondées à coup de millions par des cadres haut placés de sociétés américaines soulignant des liens préoccupants entre milieux d’affaire et pouvoir en place.

Fidèle à sa mission d’empêcheur de magouiller en rond, ProPublica a inspecté en long en large et en travers les données de la Commission fédérale aux élections publiées par The New York Times pour visualiser et analyser les donateurs et bénéficiaires de ces sommes folles. Dans le graphique ci-dessus, les dons sont représentés par des carrés dont la taille est proportionnelle au montant. Survolez l’un d’eux et vous retrouverez le donateur dans les autres Super Pacs, comme ici Bobby Jack Perry, déjà généreux donateur de Georges W. Bush.

La liste des donateurs détaillées avec leurs contributions peut également être consultée dans le dossier PacTrack sous une forme plus sommaire. Quant aux bénéficiaires, ProPublica les a également triés par montant et par payeur. Où l’on découvre que le principal sous traitants des Républicains fut la société de conseil en communication American Ramble Productions (18 millions de dollars jusqu’en mars 2012) et que le premier fournisseur des Démocrates fut AB Data (16 millions), spécialiste… en collecte de fonds !

Follow the money

Avec une navigation simple et riche et des données mêlées à des interviews vidéos en plan serré, le webdocu Moneyocracy donne un regard en profondeur et critique sur le système des Super Pacs.


Superbe hybride, fruit du travail au long court de deux journalistes français, Moneyocracy propose une approche plus vivante mais pas moins informée sur les Super Pacs. Avec une dose de serious game et de vrais extraits des pubs les plus improbables diffusées à travers les États-Unis, Gérald Hubolowicz et Jean-Nicholas Guillot (fondateurs de l’agence Chewbahat) embarquent les lecteurs dans un voyage au pays où la télévision fait et défait les votes à coup de millions de dollars.

Sur le front

Tous les médias ont parlé des “swing states” États bascules pouvant faire pencher d’un côté ou de l’autre le scrutin, sur lesquels les deux principaux candidats ont concentré leurs efforts. D’une carte en à-plat de couleurs, le site Matière Primaire fait surgir d’un survol de la souris sur la tête des candidats leurs principaux points de focales, cumulant les meetings du nominé et de son vice-président, en une véritable carte d’Etat major. S’y dessinent l’obsession de Romney pour la Floride (55 réunions publiques), la dispersion d’Obama et la compétition féroce pour le petit mais crucial État de l’Iowa.

En temps réel

Toute la journée durant, les votes des usagers de Facebook ayant décidé de partager leur choix avec leurs amis apparaissaient sur cette carte. Depuis sur une boucle des derniers bulletins adressés, l'application propose quelques statistiques sur les participants.


Durant la journée du 6 novembre, plus de neuf millions et demi d’Américains ont partagé sur Facebook leur choix via l’application Election Day Prompt, permettant à Facebook Stories de placer sur une carte chacun des bulletins glissés dans l’urne. En temps réel, n’importe qui pouvait voir exploser, ici et là, les bulles de la couleur du réseau social, depuis animées suivant le mouvement des derniers votants. Au pied de cette carte, des statistiques retracent le profil des participants : par sexe, par âge et par région. Une archive non exhaustive mais utile pour connaître cet échantillon du corps électoral qui partage numériquement sa vie citoyenne.

Vents contraires

Revirement démocrate dans le Sud-Est, poussée massive pro-Romney dans le centre... d'une cartographie dynamique, le New York Times brosse le mouvement dessiné par un vote plus serré qu'en 2008.


Pas vraiment serrée sur le plan des grands électeurs, la victoire de Barack Obama n’a pas été si large sur le plan des électeurs. Pour voir quels courants ont maintenu le candidat démocrate à la Maison blanche, The New York Times a dressé une carte de l’évolution des votes. A chaque point, un vecteur représentant l’évolution du vote, vers la gauche en bleu pour les démocrates et vers la droite en rouge pour les ralliés à Romney.

Un maëlstrom de vents contraires, qui trouve son noyau anti-Obama dans les grandes plaines, compensé par le revirement de la Floride et le soutien dans grands centres urbains de Californie et du Nord-Est. En accompagnement, quelques graphiques décryptent les soutiens clefs au président sortant : les femmes, les hispaniques (plus encore qu’en 2008) et les jeunes, qui ont fait basculer la Floride.

Bonus : nostalgie

L’équipe de Paule D’Atha vous le rappelle régulièrement : le datajournalisme ne date pas d’hier ! Entre les datavisualisation des bureaux de statistiques du XIXe siècle et les représentations naturelles de fractales, les exemples sont nombreux de la continuité d’un désir de représenter chiffres et notions abstraites de manières plus douces à l’œil que les ingrats tableaux Excel.

Dans la continuité de son traitement esthète des questions d’actualité, le magazine The Atlantic a plongé dans les archives de The New York Times pour livrer quelques cartographies anciennes des précédents scrutins présidentiels. Des blocs monochromes de 1896 aux cartes semées de chiffres des années 1970, qui précèdent de peu les analyses avec camembert du scrutin Clinton/Dole de 1996, la petite balade a le charme du papiers vieillis et un petit goût d’artisanat qui plaira aux éternels étudiants de cette nouvelle discipline journalistique que nous sommes.

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http://owni.fr/2012/11/07/regarde-les-us-voter/feed/ 1
L’opengov, nouvelle frontière de la Palestine http://owni.fr/2012/11/05/lopengov-nouvelle-frontiere-de-la-palestine/ http://owni.fr/2012/11/05/lopengov-nouvelle-frontiere-de-la-palestine/#comments Mon, 05 Nov 2012 12:54:35 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=125025 Owni s'est entretenu avec Dr Safa Nasser Eldin, la ministre des Télécoms, qui intègre progressivement Open Data et services publics décentralisés aux pratiques du gouvernement de Gaza et de Cisjordanie. Malgré un réseau marqué par le conflit avec Israël.]]>

Depuis 2005, l’Autorité palestinienne travaille à la numérisation de son administration. Aidé par les organisations internationales et certains gouvernements, le ministère des Télécommunications chapeaute un des dispositifs de gouvernement numérique (e-gov) et d’Open Data les plus ambitieux du monde arabe. Aussi bien dans ses objectifs que dans les freins qui s’opposent à sa réalisation.

Invitée pour la réunion de la commission Moyen-Orient—Afrique du Nord de l’OCDE, la ministre des Télécommunications, Dr Safa Nasser Eldin, a accordé une interview à Owni pour détailler la genèse et les développements d’un projet qui, dans les coursives techniques de Ramallah, a survécu aux secousses politiques et guerrières de Gaza et de la Cisjordanie. Ancienne conseillère en charge des services infrastructure, interopératibilité, sécurité et législation des services de e-government de l’autorité, elle travaille désormais à rendre accessible à tous les citoyens palestiniens les services et données publics, via une architecture ouverte et décentralisée.

Comment a débuté l’initiative d’Open Government de l’Autorité palestinienne ?

Au départ, notre projet portait seulement sur du e-government. Nous souhaitions mettre en place du partage de données. Avec l’aide de l’OCDE, nous avons pu prendre contact avec d’autres partenaires pour affiner notre projet : en 2011, douze représentants de l’Autorité palestinienne se sont rendus en Italie pour mieux comprendre le principe de l’opengov et le travail à réaliser pour le mettre en place.

L’autorité palestinienne a également travaillé avec l’Estonie, dont l’opengov est particulièrement développé. En quoi a consisté votre partenariat ?

Nous avons travaillé avec le e-government estonien sur l’architecture de notre système. E-Estonia dispose d’une colonne vertébrale (backbone) décentralisée nommée x-Road autour de laquelle sont articulés tous les dispositifs de gouvernance numérique : partage de données, e-administration, sécurité informatique… Nous avons élaboré avec eux le Palestinian x-Road sur lequel repose notre propre système. Il s’agissait de la première phase de notre projet. Nous avons depuis commencé a travaillé sur la sécurité informatique, en envoyant certains membres de notre équipe se former là-bas. Et, aujourd’hui, nous passons à l’intégration des services en ligne.

Comment avez-vous amené votre administration à jouer le jeu de l’e-government et de l’Open Data ?

L’e-government ne se décrète pas, c’est un processus lent. Nous avons commencé par former des gens dans chaque administration et inviter chaque ministre à disposer de son propre site et de partager autant de données que possible. Il y a eu une vraie réticence sur les données. Pour les sites, le ministère des Télécommunications se charge de l’hébergement, de l’acquisition des noms de domaine et du développement… Au départ, nous avons fait une étude pour chaque administration, que nous leur avons soumise avec des suggestions. Par la suite, une fois mise en place la structure, chacun gère la création des e-mails et la mise en ligne des données ainsi que des formulaires administratifs.

Quelles ont été les conséquences de ce processus pour les citoyens palestiniens ?

Nous avons pu alléger de nombreuses démarches administratives. Le principal problème en Palestine, c’est la circulation. Avant l’e-gov, obtenir un permis de conduire nécessitait de se présenter chez le médecin, au ministère de l’Intérieur, à celui du Transport… ce simple papier pouvait prendre des mois à faire ! Avec l’e-gov, nous avons réussi à centraliser tout sur le site du ministère des Transports, qui est lui-même en contact avec le ministère de l’Intérieur. Résultat, la demande et la délivrance du permis peuvent être faits en une seule journée. Idem pour les passeports. Même si c’est moins populaire, nous avons également pu réaliser un système de paiement des amendes par Internet, là encore en connectant les différents ministères concernés. Au ministère des Télécommunications, nous assurons également un suivi téléphonique des plaintes : si vous déposez une réclamation à propos d’un opérateur téléphonique, vous pouvez vous connecter sur notre site et récupérer un numéro de téléphone où vous serez informé de l’état d’avancement de la requête.

Comment les fonctionnaires bénéficient-ils de la mise en place de e-Palestine ?

Nous étudions actuellement les modalités par lesquels nous pouvons aider les membres du gouvernement à communiquer ensemble, en se basant sur l’esprit des réseaux sociaux. Pour inciter les fonctionnaires à partager, il faut d’abord qu’ils partagent entre eux. Nous cherchons donc des moyens pour faciliter la prise de contact entre les fonctionnaires avec des formulaires de contact et des liens pour qu’ils puissent se joindre directement par chat, mail ou Skype. À l’extérieur, nous avons obtenu de la plupart des ministres aient des pages Facebook. Certains ministères disposent même de deux pages : l’une à destination du public et l’autre à destination des fonctionnaires.

Comptez-vous intégrer les citoyens dans la réflexion sur les politiques publiques ?

Nous travaillons sur un dispositif de concertation publique. Pour certains projets, nous envisageons de mettre le dossier législatif à disposition sur notre site Internet et d’appeler par mail des groupes d’intérêts ou des individus à se prononcer, avec l’idée de publier les contributions sur le site et de les transformer en amendements une fois validés.

En quoi le conflit avec Israël impacte-t-il cette initiative ?

L’une de nos principales difficultés, c’est le secteur des télécommunications lui-même. Nous ne pouvons pas investir dans davantage d’infrastructures et l’équipement que nous souhaitons importer pour améliorer notre réseau est bloqué par Israël. Sur le plan des fréquences, nous sommes également bloqués : nous ne disposons que d’une fraction de bande passante en 2G et pas du tout de 3G. Tout cela complique terriblement nos tentatives de communications par Internet.

Comment couvrez-vous les frais occasionnés par l’e-gov ?

La plupart des ministères couvrent leurs propres frais, ainsi que certaines villes, mais certains ont des accords. Nous avons obtenu quelques financements de l’US Aid, tandis que l’Intérieur a noué des accords avec une ONG allemande. Pour la coopération avec l’Estonie, les Estoniens eux-même ont financé une partie du projet.

Quels sont les développements à venir pour votre initiative ?

Notre principale préoccupation désormais, c’est d’utiliser l’e-gov pour les services publics. Avec la plupart des administrations centralisées à Ramallah, nous souhaitons mettre en place un système de one-stop-shop en nous appuyant sur le réseau des bureaux de poste à travers la Cisjordanie et Gaza. L’idée serait de permettre aux citoyens palestiniens de pouvoir mener leurs démarches depuis un point de contact unique. Nous préparons une “e transaction law” afin de créer un cadre juridique à l’action de l’e-government. Enfin, nous continuons de travailler avec l’Estonie sur les questions de cybersécurité, avec pour objectif la mise en place d’une Computer Respond Team, qui puisse prendre en charge la lutte contre les cyberattaques dont nous sommes l’objet. Pour garantir la bonne marche de l’e-government, c’est devenu une priorité.


Illustration par Cédric Audinot pour Owni /-)

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La cyberpropagande d’Obama et Romney http://owni.fr/2012/11/02/la-cyberpropagande-dobama-et-romney/ http://owni.fr/2012/11/02/la-cyberpropagande-dobama-et-romney/#comments Fri, 02 Nov 2012 13:32:59 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=124904

Mr et Mrs Sinker, mari et femme, assis sur un même canapé à Chicago, ont reçu en mars dernier le même mail de l’équipe de campagne de Barack Obama. Le même, à un détail près : M. Sinker se voyait proposer un don de 20$ et madame, de 25$. Une simple ligne corrigée automatiquement par une machine ayant eu accès à une information cruciale : Mme Sinker, 61 ans, avait auparavant été identifiée comme une grosse donatrice dans les fichiers du parti démocrate.

Analysés par ProPublica, les mails d'appel aux dons envoyés par l'équipe d'Obama en mars 2012 montraient des différences notables dans la formulation et les sommes demandés, selon que les sympathisants étaient enregistrés comme déjà donateurs ou non.


Les mystérieuses bases de données de Mitt Romney

Les mystérieuses bases de données de Mitt Romney

Aux États-Unis, le candidat républicain joue avec des bases de données (et avec la vie privée) de millions de potentiels ...

Décortiqué dans un graphique (voir l’illustration ci-dessus), ce cas d’école a été le départ d’une opération de reverse engineering (déconstruction d’un processus technologique) des “mail machines” des principales équipes de campagne. Si la première version du mail s’adressait en part égale à des hommes et à des femmes, donateurs réguliers ou non, pour une somme faible, la version 4 n’a été reçue que par des militants ayant déjà versé de l’argent, majoritairement des femmes, et proposait des montants allant de 0 à 300 dollars. La 5emouture, elle, s’adresse principalement à des hommes, seulement au-dessus de la trentaine et pour des petites sommes.

En faisant appel à ses lecteurs pour qu’ils partagent tous les mails reçus de la part des deux équipes de campagne, les journalistes du site ProPublica ont mis en place un système d’analyse comparative des différents mails envoyés avec pour objectif de prouver que ces équipes avaient recours à des systèmes automatisés de microciblage des militants.

Le 7 juillet, le site a ainsi analysé trois envois de l’équipe d’Obama. Grâce aux données récoltées par ProPublica, les journalistes ont pu classer les mails par “donation signal”, c’est-à-dire selon les montants des dons proposés lors des précédents mails. Aux profils gros donateurs, habitués aux mails demandant 220 à 280 dollars est envoyée une version remplie de liens de dons en un clic, prélevant automatiquement la somme proposée sur le numéro de compte enregistré. Pour les petits donateurs, bombardés de demandes de dons à moins de $40, il faut passer par une URL. Une preuve de la génération de mail “sur mesure” selon un critère renseigné dans les bases de données des partis.

Dans cette frise réunissant tous les mails transmis à ProPublica, chaque barre correspond au volume de mail envoyé par chaque équipe un jour donné, sa couleur correspondant à le nombre de variation par mail (tirant vers le rouge pour les plus optimisés).

Si l’analyse est encore en cours et les outils s’affinent au fil des jours, un résumé général donne à voir le bilan des mails déjà scannés. De mars à aujourd’hui, la quantité de mails est représentée pour chaque jour par une barre colorée, sur la ligne de l’expéditeur, dont la couleur change en fonction du nombre de variations, tirant vers le rouge pour les mails proposant le plus de versions différentes. Et dans les sondages comme dans l’utilisation des bases de données, Barack Obama semble conserver une avance certaine.


Illustration via la galerie Flickr de Nick Jugular [CC-byncsa]

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Autopsie du coeur de la démocratie américaine http://owni.fr/2012/10/31/autopsie-du-coeur-de-la-democratie-americaine/ http://owni.fr/2012/10/31/autopsie-du-coeur-de-la-democratie-americaine/#comments Wed, 31 Oct 2012 12:49:15 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=124690

De Georges Washington à la présidentielle de 2012, l'arbre retrace plus de deux siècles d'évolution idéologique et politique des deux chambres du Congrès américain.

En ces temps de tempête dans le crâne de la démocratie américaine, l’histoire du Congrès américain offre une approche d’une précision chirurgicale sur l’évolution depuis 1788 d’un organe politique aux poussées de fièvre chroniques.

Sous la forme de deux réseaux d’artères sinuant entre l’extrême gauche et l’extrême droite, chacun pour une chambre, cette magnifique infographie publiée sur le site xkcd montre continuité et rupture du Sénat et de la Chambre des représentants. Au milieu, guerres et administrations se succèdent, séparant les ventricules. À l’opposé de l’iconographie européenne, les bleus sont ici les démocrates et les républicains figurés en rouge, l’épaisseur de chaque trait étant proportionnée au nombre de parlementaires se revendiquant de chaque mouvance. Quand les branches se rejoignent, c’est qu’une tendance gagne des élus, quand elle tend vers l’extérieur pour s’interrompre, c’est le signe de défection et de l’affaiblissement du mouvement.

Les temps modernes voient presque disparaître le centre droit à la Chambre des représentants, au profit de la vague des Républicains radicaux ralliés aux Tea Party, tandis que les Démocrates n’ont progressé que grâce à leurs recrues les plus centristes.

Séparé par une colonne figurant administrations et principaux conflits ayant marqué l'histoire américaine, l'arbre détaille les grands débats et retournements politiques qui ont accompagné les moments forts de sa vie politique, comme ici le raz de marée centriste chez les démocrates de la Chambre des représentants à la fin des années 1920, qui a porté le New Deal de Roosevelt, ou l'émergence récente du Tea Party chez les Républicains.

Aux curieux et aux béotiens de l’histoire politique US, le graphique permet de plonger plus en amont dans le flot tempétueux du cœur de la démocratie américaine. L’occasion d’apprendre que, contrairement à l’idée qu’on pouvait s’en faire, le New Deal de Roosevelet s’appuyait presque intégralement sur les démocrates centristes, comme le montre la large artère bleue claire qui abonde la gauche de la Chambre des représentants à la fin des années 1920, au moment où les Républicains sont décimés.

De temps à autres, des nervures apparaissent sur les artères démocrates ou républicaines, suivant la carrière des plus vétérans (comme ici Joe Biden, vice-président) comme des plus éphémères élus (comme Barack Obama).

Ici et là, de fines nervures courent le long des artères principales, retraçant les plus longues carrières, comme celles du vice-président et ancien vétéran du Sénat, Joe Biden, et la brève apparition de Barack Obama dans la même chambre. Un flot riche auquel ne manque d’une documentation complémentaire pour offrir une passionnante aventure intérieure dans le système politique américain depuis ses origines.

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James Bond tout en data http://owni.fr/2012/10/29/james-bond-tout-en-data/ http://owni.fr/2012/10/29/james-bond-tout-en-data/#comments Mon, 29 Oct 2012 18:28:34 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=124460

L’anniversaire de la licence James Bond et la sortie de Skyfall ont déclenché la ruée vers les placards à archives. De l’app à trois volets d’Associated Press (avec un bon gros tableau Excel à la fin) à la célébration “50 ans de mort et de destruction” du Guardian en passant par la kitschissime animation de la chaîne brésilienne R7, les bilans du nombre de victimes, conquêtes et résultats au box-office ont été déclinés sous tous les formats.

Des stats, des baisers... et une plongée d'un scroll de souris dans l'ambiance visuelle de chacun des James Bond. Merci la BBC !

Notre œil et notre souris ont cependant préféré se laisser glisser sur l’élégant toboggan d’infos forgé par les équipes de la BBC. Croisant statistiques (baisers, James-Bondismes et usages du permis de tuer) et chiffre d’affaires des films, l’application décore la visite des affiches originales et des dégaines des acteurs successifs, flanqués d’une réplique culte de leur pellicule phare. Le tout pour chuter sur un petit récap des performances économiques respectives de chacun des 007, assortis de détails sur son recrutement. Et le tout (presque) rien qu’avec du CSS3.

Graphique

Créé pour l’occasion, le site NotoriousBond.info ne vous apprendra rien de plus que les précédents. Mais il le fera avec une certaine classe : d’un mouvement de souris, vous passerez d’un Sean Connery, le plus gros buveur de Martini, au dernier Bond, Daniel Craig, dans un environnement (là encore tout en CSS) fait main. Typos délicates, échos visuels à l’ambiance des films et interface simple et claire…

Un des candidats au concours de visualisation lancé par David McCandless d'Information is beautiful : Notorious, qui décerne à chaque Bond une palme, du plus gros buveur de Martini au plus malchanceux avec les femmes.

Le projet de Christina Winkless, David Paul Rosser et Alexis Cuddyre n’est en fait qu’un pur exercice de style puisque candidat pour le mini-concours Diagrams are forever lancé par l’association Information is Beautiful, de David McCandless, tous les participants s’appuyant sur un jeu de données commun.

Interactif (en portugais)

Dans l’esprit seventies et coloré du dessin animé Archer, le site brésilien Entretenimento propose rien moins qu’une visite en jeu de chaque épisode de la vie cinématographique de l’espion le plus célèbre de sa Majesté.

Chaque méchant, bond-girl et gadget est ici décrit par une fiche signalétique frappée de caractéristiques façon carte Magic.

Linéaire, certes. Répétitif, peut-être. En portugais, admettons. Mais osez dire que l’ambiance – fruit du mélange de dessin, de la musique bondesque en diable et de ces petites cartes de personnages et de gadgets, tout en attributs et compétences à la Magic – ne fait pas trembler en vous la corde du geek ?

Bondonomics

En 50 ans, James Bond a connu deux chocs pétroliers, la fin de l’étalon-or, la crise mexicaine et celles des subprimes… En dehors de Goldfinger, pourtant, aucun épisode ne s’est plongé dans les préoccupations financières des services secrets britanniques. Faute que James Bond s’intéresse à l’économie, c’est l’économie qui s’est intéressée à lui. En l’occurrence à travers le développeur Kevin Luck et la designeuse Leigh Kayley, tous deux auteurs de 007 the Business of Bond.

Ajuster les résultats à l'inflation, consultez les comptes et évaluez la profitabilité de chaque film... Tentative visuelle réussie de Bondonomics appliquées.

Ici, ce n’est pas que le chiffre d’affaires des films qui est décortiqué : c’est tout le bilan comptable ! Pour chaque film, résultats au box office américain et étrangers sont mis en parallèle avec le budget (et peuvent même être ajustés à l’inflation) révélant une information secret défense. En l’occurrence, la profitabilité de chaque film qui, après le record de Dr No (5415%, s’il vous plaît!) a suivi une pente descendante pour ne plus jamais dépasser les 1 000% habituels des années 1970 à partir de Moonraker. Du bel ouvrage taillé à grands coups de la nouvelle bibliothèque Javascript de référence des datajournalistes, D3.js, assortie de require.js et de backbone.js. Cette app participe également du concours “Diagrams are forever” de David McCandless.

Alcool

En dehors d’un flingue et d’un penchant pour les cocktails d’alcool blanc italien, James Bond est d’abord un homme de gadgets. Et aucun fan ne le contredira : l’homme centrale dans tous les 007, c’est Q ! Réalisée à l’aide de la librairie Javascript sigma.js et de la plate-forme opensource de cartographie Gephi, l’application James Bond Actors Network permet de naviguer par acteur ou par épisode dans la galaxie cinématographique des différents films de la licence.

Pour les cinéphiles compulsifs, une cartographie sous Gephi des acteurs de premier et second rang qui ont croisé les caméras des James Bond.

On apprend ainsi, au détour d’une bulle colorée, que Roger Moore et Sean Connery sont moins bien rancardés que la discrète Lois Maxwell, première des James Bond girls s’il en est puisqu’elle a incarné Moneypenny dans 14 films ! Les amateurs regretteront que les bios qui apparaissent à chaque bulle cliquée ne se concentrent pas sur les seules déclinaisons de l’oeuvre de Fleming et se perdent dans des filmographies générales, comme Walter Gotel dont on n’apprend d’une seule phrase qu’il était l’éternel Général Gorki dans les aventures bondiennes durant la Guerre Froide. Un écart vite pardonné, une fois remarqué que le code de l’application est entièrement disponible sur le réseau social Github.

Rattrapage

Tous les James Bond résumés avec des photos, la taille des acteurs, les conquêtes et flingages... ça existe, mais en portugais !

Certes, pour s’aventurer sur l’application bondesque d’Estadao, il faut maîtriser la langue de Chico Buarque. Mais les lusophones ne le regretteront pas. L’application passe en revue l’essentiel, comme le gadget, en offrant aussi bien un résumé de chacun des films de la saga agrémenté de photos qu’un classement par taille des agents et un portrait dessiné des héros, “girls” et “vilains”. Le tout dans un Javascript d’une impeccable efficacité.

Paragraphe de bonne foi : nous avions dégoté tous seuls certaines des apps… jusqu’à réaliser que Visualoop avait une bien meilleure collection que nous. Avis aux amateurs, le travail (anglophone) de nos confrères vaut bien un coup de chapeau et un clic.

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