Catho 2.0: le Pape sur ton iPad

Le 30 juin 2011

Groupes Facebook, pages Youtube, podcasts et sites web : le prosélytisme chrétien utilise Internet pour toucher les nouvelles générations. Les NTIC au pays de Jésus.

Branle-bas de combat hier sur le compte Twitter Vatican-news. Le Pape Benoit XVI live-twitte les premiers pas de News.va [en], le nouveau portail d’informations du Vatican :

Chers Amis, je viens de lancer News.va. Loué soit notre Seigneur Jésus Christ ! Avec mes prières et bénédictions, Benoit XVI

Le site rassemble tous les médias du Vatican, dont la Radio Vatican et le journal l’Osservatore Romano [en]. Il est disponible en italien et en anglais, en attendant d’être traduit dans d’autres langues. Le Vatican n’est pas novice sur le Web puisque Jean-Paul II avait inauguré, dès 1995, www.vatican.va, le site officiel du Saint-Siège. La nouveauté avec News.va c’est son utilisation des réseaux sociaux : des comptes Facebook et Twitter et une page Youtube où l’on peut voir le Pape consultant le site depuis son iPad.

Pour le New York Times [en], la stratégie du Saint-Siège est claire :

Le Vatican a récemment réalisé qu’il pouvait atteindre un public plus large en communicant directement avec l’extérieur, plutôt qu’en prêchant de loin.

Intéressé par les ordres ? Le clergé recrute sur Facebook

Une prise de conscience s’est faite à tous les niveaux du clergé catholique qui, de plus en plus, fait campagne sur les réseaux sociaux. Pour lutter contre le manque de recrues, les moines Bénédictins de Portsmouth, dans le Rhode Island, ont investi Facebook où ils partagent leur expérience de la vie monastique et parlent de leur vocation. Sur le site de l’Abbaye, ils détaillent les démarches à suivre pour rentrer dans les ordres et répondent aux questions des potentiels candidats.

En France, le site MaVocation.org guide aussi les jeunes intéressés par les ordres. Pour les autres, il y a les comptes Facebook des divers diocèses et ceux dédiés aux JMJ. Ceux qui préfèrent les podcasts peuvent profiter gratuitement de la WebTv du diocèse de La Rochelle et Saintes et de Radio Notre-Dame, qui s’interroge :

A quoi sert l’Eglise ?

Évangéliques : réseaux sociaux et créationnisme

L’Église catholique n’est pas la seule à avoir pris conscience du potentiel d’Internet. Les mouvements évangéliques exploitent les possibilités du Web depuis plusieurs années. Outre leurs sites traditionnels – créationnistes (AnswerInGenesis.org) ou plus généraux (Christianity) –, les Églises évangéliques n’hésitent pas à investir les réseaux sociaux pour diffuser leur message.

La page Facebook “I’m proud to be Christian” (« Fier d’être Chrétien »), qui publie des extraits de la Bible plusieurs fois par jour, rassemble près de 3 millions de fans. Celle de “Jesus Daily” – qui s’est donné pour mission de diffuser l’Évangile – en a séduit 6 millions. Le compte Twitter de l’auteure évangélique Joyce Meyer fédère, quant à lui, plus de 280.000 followers. Meyer s’y attache à “transmettre l’amour de Jésus Christ dans un monde meurtri” grâce à des conseils tels que :

Dieu travaille selon la loi du progrès graduel, donc ne soyez pas découragés si vous avancez lentement.

Refroidis par le contenu de certains réseaux sociaux, les évangéliques les détournent et créent des sites plus adaptés à la parole divine. Sur la toile “born again”, MySpace devient MyPraize, un site où les groupes de rock chrétiens se disputent les faveurs des internautes.

YouTube est remplacé par GodTube, site “family-friendly” qui fait la part belle à l’humour avec des stand-up sur la vie maritale. En 2008, un pasteur y faisait le buzz grâce à une parodie du morceau “Baby Got Back” du rappeur Sir Mix-a-Lot, transformé en un “Baby Got Book” plus biblique.

Interrogé à l’époque par le New York Times, Dan Smith, l’auteur de la vidéo, affichait la portée prosélyte de sa parodie. Il affirmait alors son désir de voir sa vidéo sur d’autres médias plus consultés par les non-croyants : “Je sais qu’il n’y a pas beaucoup de non-pratiquants sur GodTube.”

Mars Hill ou l’église du futur

Conscients du potentiel de Youtube, certains pasteurs l’utilisent pour rassembler toujours plus de fidèles.

Sur la chaîne YouTube de Mars Hill Church, Mark Driscoll, la quarantaine, vêtu d’un éternel sweat à capuche, partage ses sermons du dimanche. Ce pasteur qui officie à Seattle rassemble des milliers de fidèles grâce à des méthodes de communication très modernes.

Dans ses vidéos, il répond aux questions que l’audience lui envoie par SMS pendant l’office. “L’homosexualité est-elle un pêché ?” “La masturbation est-elle une méthode valide de contraception ?” … (voir la vidéo en anglais)

Avec son allure décontractée, son ton insolent et son amour pour le rock indé, Mark Driscoll séduit les habitants de Seattle, souvent anti-religieux. Son succès auprès de la sous-culture Grunge est tel qu’il compte quatre des tatoueurs les plus célèbres de la ville parmi ses fidèles.

Cette communication maîtrisée masque un message profondément réactionnaire où la place de la femme est auprès de son mari et où l’homosexualité, la littérature fantastique et les blagues graveleuses sont considérés comme des pêchés.

Les possibilités de convaincre les foules évoluent. Mais derrière, le message reste le même.

Illustration : capture d’écran du site du Vatican le 29 juin.

Laisser un commentaire

Derniers articles publiés